La frontière ivoiro-guinéenne est en proie à des problèmes qui sont devenus récurrents et préoccupants pour les autorités des deux pays. Les conséquences des perturbations sociopolitiques enregistrées dans nos pays ont influencé considérablement les relations de bon voisinage entre les populations frontalières.
Pour le directeur de cabinet adjoint du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, Luc Houndjé qui représentait le ministre Diakité Sidiki, la rencontre entre les autorités administratives ivoiriennes et guinéennes apparaît comme le cadre approprié pour les administrateurs territoriaux d’adresser une thématique essentielle de la vie de deux pays.
《Il s’agit pour les autorités territoriales de faire le diagnostic de la situation qui prévaut dans les circonscriptions administratives situées le long de la frontière entre la Côte d’Ivoire et la Guinée . Ce diagnostic, s’il est bien fait, en prenant en compte tous les facteurs et indicateurs possibles et je suis convaincu qu’il en sera ainsi, permettra d’envisager des initiatives communes d’actions pour la résolution durable des problèmes transfrontaliers de cohabitation et de développement qui pourraient être identifiés》, a indiqué Houndjé Luc.
La zone frontalière particulièrement riche en ressources naturelles est l’objet de convoitise et de pressions humaines qui occasionnent de fréquents affrontements. Tels que les cas de Drepieu dans le département de Danané et Kpéaba à Sipilou. Ces litiges frontaliers entre les populations ivoirienne et guinéenne s’expliquent, entre autres par la non matérialisation de la frontière entre ces deux pays.
Quant à Mamoudou Tapily , représentant la GIZ, la coopération allemande, il a insisté sur l’importance que revêt la présente rencontre.
《Cette rencontre d’aujourd’hui, revêt d’une importance capitale car elle matérialise la volonté politique des Etats ivoirien et guinéen de renforcer la gestion concertée de leur frontière commune et s’inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre du projet Appui au Programme Frontière de l’Union Africaine. Ce projet qui est à sa troisième phase est financé par le ministère fédéral Allemand des Affaires Étrangères et mis en oeuvre par la GIZ. Ce programme, bâti sur le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation telle que consacrée par la charte de l’OUA et l’acte constitutif de l’Union Africaine, se décline en trois composantes à savoir la délimitation et la démarcation des frontières, la coopération transfrontalière et le renforcement des capacités des acteurs. A ce titre, il vise à transformer les frontières africaines de zones potentiellement conflictuelles en passerelles entre États》, a relevé Mamoudou Tapily.
Pour, donc poursuivre et renforcer les relations cordiales et le climat de paix et de concorde existant entre les deux pays, la Côte d’Ivoire et la Guinée doivent renforcer la coopération administrative frontalière, par la résolution dans la concertation, de tous les problèmes qui peuvent surgir entre les populations vivant le long de la frontière commune.
Au dire du représentant du ministre Sidiki Diakité, les résultats des travaux permettront de bâtir des politiques publiques communes liées aux problématiques des frontières, politiques adaptées à la spécificité des rapports économiques, du brassage des populations et à l’histoire commune que partage les deux peuples.
Pour le directeur de cabinet adjoint, de nouveaux fléaux tels que le terrorisme, la traite des personnes et des enfants, la criminalité transfrontalière, le blanchiment d’argent et le trafic de drogue, qui, menacent la paix et la sécurité à l’intérieur et aux frontières des États, imposent que des cadres de concertation, de réflexion et d’actions communes soient envisagés par tous les gouvernants, au niveau bilatéral, régional , qu’international pour assurer et renforcer la protection des personnes et des biens puis garantir leur libre circulation.
Luc Houndjé espère que la rencontre jettera les bases du processus de délimitation et de démarcation de la frontière ivoiro-guinéenne mais aussi en la mise en oeuvre d’initiatives de coopération transfrontalière bien structurée pour l’amélioration des conditions de vie des populations frontalières.
Moustapha Kobélé Kéita, conseiller juridique au ministère guinéen de l’administration territoriale et de la décentralisation, chef de délégation s’est réjoui pour sa part de l’initiative des deux Etats qui ont en commun une frontière de 610 kilomètres de s’asseoir pour trouver des solutions aux problèmes qui mettent à mal la coopération transfrontalière.
La rencontre qui se tient les 28 et 29 août 2018 permettront aux gouvernants des deux pays de mieux orienter leur politique en matière de coopération transfrontalière.
Dan Jean Olivier, Correspondant Ouest
Source: rédaction PôleAfrique.info