C’est par des passations de commandement le 31 décembre dernier que l’armée de Côte d’Ivoire a mis un point d’honneur aux réformes entreprises pour sa restructuration, depuis la prise de fonction du ministre d’Etat, ministre de la Défense, Hamed Bakayoko. Formation, réhabilitation des casernes, construction de réfectoires et surtout amélioration des conditions de vie des soldats, sont les grandes lignes directrices d’une politique maîtrisée, tout au long de l’année écoulée.
2017 et ses mutineries ne sont plus qu’un lointain souvenir dans l’esprit des officiers supérieurs et hommes de rang de l’armée ivoirienne. Cette période qui mettait à rude épreuve les nerfs des services de renseignements de l’armée et de la police semble révolue depuis la prise de fonction d’Hamed Bakayoko. L’homme, d’un naturel communicatif, a su insuffler sa marque sur cette ligne de front, chaude que le Président Alassane Ouattara lui a confié. Dans le feu de l’action. Le résultat est éloquent sur le terrain avec une accalmie et une amélioration des conditions de vie au cœur des préoccupations de la tutelle. Passage en revue.
Amélioration des conditions de vie des soldats
Les promesses formulées depuis son accession à la tête du ministère de la Défense ont été honorées. Le ministre Hamed Bakayoko, a tout au long de l’année 2018, lancé un vaste programme pour une refonte profonde de l’armée de Côte d’Ivoire, à travers plusieurs actions coordonnées selon un calendrier précis. « Soyez à l’écoute de vos hommes, occupez-vous d’eux et ils vous le rendront bien », avait-il assuré devant à la première compagnie de la Garde Républicaine, le 4 juillet dernier, lors de l’inauguration d’un réfectoire moderne bâti sur une superficie 642 m2. L’acte joint à la parole, après les séquelles dans des casernes militaires, au lendemain de la crise post-électorale de 2011.
Mais bien avant cette date, plus précisément le 30 mai 2018, le ministre de la Défense, honorait une autre promesse en offrant une cuisine au 4ème bataillon d’infanterie de Korhogo, au nord de la Côte d’Ivoire. « Nous allons nous occuper des soldats, améliorer leurs conditions de vie, les questions de cuisine, nous allons réhabiliter toutes les cuisines de toutes les casernes de Côte d’Ivoire, nous allons réhabiliter les couchages, les douches, nous allons améliorer leur alimentation », avait-il promis lors des visites qu’il effectuait aux troupes dans les casernes. Chose à laquelle il s’est consacré tout au long de l’année écoulée.
A Bouaké, la réhabilitation en cours de la caserne des sapeurs pompiers militaires, au quartier Air France 1 et le camp de la Gendarmerie de Bouaké, à Nimbo, sans oublier le démarrage des travaux du grand commandement des Sapeurs-Pompiers Militaires, en désuétude depuis plusieurs années, témoignent d’une farouche volonté de hisser le drapeau ivoirien haut dans le coeur des soldats. L’école militaire EMPT de Bingerville a elle aussi, reçu la visite d’Hamed Bakayoko. Le ministre d’Etat, après avoir totalement équipé le réfectoire de cet établissement, a promis remettre tous les bâtiments à neuf en état de sorte à permettre aux futurs soldats de se former dans les meilleures conditions, afin que règne la discipline au sein de l’armée. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Redorer l’image de l’armée ivoirienne à travers la discipline. Et plusieurs initiatives ont été entreprises dans ce sens.
La formation, la clé d’une discipline recherchée
« Nous devons régler le problème de la formation de nos hommes car certains d’entre eux, ont gardé des réflexes de la crise post-électorale. Ils doivent s’en débarrasser » avait affirmé le ministre d’Etat, ministre de la Défense, lors d’une cérémonie à l’Etat-Major des armées. Ainsi depuis 2017, année de sa prise de fonction, le ministère de la Défense en partenariat avec le Royaume du Maroc, a entrepris la formation et l’instruction de ses hommes. Par vagues successives, les soldats ivoiriens sont allés se former.
L’objectif pour les autorités militaires ivoiriennes, instaurer la discipline au sein d’une armée en pleine reconstruction. Les défis sont énormes et la rigueur de mise. Le recrutement de 450 nouveaux soldats au sein des Forces Spéciales et surtout les stages de perfectionnement des officiers et sous-officiers en cours dans toutes les casernes et bataillons du pays, témoignent de la volonté de l’Etat de Côte d’Ivoire, de donner une image plus reluisante à armée longtemps décriée pour son allure d’armée mexicaine. Le ministère de la Défense a même initié les départs volontaires à la retraite relativement à la nouvelle loi de programmation militaire. Ils sont plus d’un millier à avoir fait valoir leurs droits à la retraite tout au long de l’année écoulée. Cette opération vise à maîtriser l’effectif au sein de la grande muette tout en respectant la pyramide des grades. Un programme en passe d’être une réussite car l’enjeu est énorme. Une armée formée et efficace, tels sont les objectifs afin de répondre efficacement à de nouvelles menaces, qui exigent parfois, des actions concertées.
Lutte contre le terrorisme, le grand défi
13 mars 2016. Cette date restera à jamais gravée dans les mémoires. Ce jour-là à Grand Bassam, plusieurs ivoiriens avaient rendez-vous avec la mort. L’intervention des forces spéciales, installées depuis peu, avait permis de neutraliser les quidams et ainsi ramener la quiétude dans cette cité balnéaire, inscrite au patrimoine de l’UNESCO. Les autorités savaient après cette date, qu’il fallait faire face à cette nouvelle forme de menace, le terrorisme. Le 18 octobre dernier, en collaboration avec les autorités françaises, Hamed Bakayoko a pris part à la pose de la première pierre du Centre Anti-terroriste de Jacqueville. Il s’agit de former et équiper les forces armées ivoiriennes afin d’anticiper la menace à l’intérieur et même dans la sous-région.
« C’est un grand moment de voir nos deux pays, monter ce projet. Ce centre résulte de la volonté du Président Ouattara et Emmanuel Macron, de prévenir un fléau mondial, qu’est le terrorisme. Les terroristes ont toujours une longueur d’avance sur nous, mais avec cette académie, il s’agira de les devancer et anticiper leurs actes. Nous devons être à mesure de prévenir les attaques. Nous aurons désormais une meilleure collaboration avec les forces de la sous-région afin d’avoir une bonne riposte en cas d’attaque. Des unités d’élites et des magistrats spécialisés dans la lutte contre le terrorisme, viendront nous apporter leur savoir-faire. Je souhaite donc que cette académie voit très vite le jour » avait indiqué Hamed Bakayoko, sur le site de construction de ce centre.
Selon le colonel Major Assamoi Djézou, en charge des affaires logistiques à l’Etat-major des armées, cette académie sera construite sur une superficie totale de 1200 hectares. Elle comprend des bâtiments académiques, des logements, un amphithéâtre de 200 places d’un côté et de l’autre, un centre d’entrainement et de formation, avec des zones nautiques.
« Le centre sera opérationnel à partir du lundi 19 novembre. Parce que là on commence effectivement à travailler. Maintenant si vous parlez de l’école au point de vue infrastructures, des murs… tout cela va se faire de façon séquentielle. Il y a d’abord l’école des cadres, ensuite il y a le centre d’entrainement des forces spéciales etc. Mais déjà, à mi-2019, on aura une partie de l’école qui sera livrée, et d’ici la fin 2019 on pense que l’école sera entièrement livrée » a été plus précis le patron de la Défense en Côte d’Ivoire.
Les actions menées pour la restructuration de l’armée ivoirienne ont meublé l’année 2018. Les réformes sont visibles. Il s’agira de continuer sur cette lancée afin d’emmener la grande muette aux standards internationaux. La route est encore longue certes mais la volonté et les moyens existent. La nouvelle armée ivoirienne est en marche. Avec pour chef de corps en tête du peloton…Hamed Bakayoko.
Éric Coulibaly
Poleafrique.info