11 avril 2011-11 avril 2022, onze années se sont écoulées après la violente crise postélectorale qui a secoué la Côte d’Ivoire. Après toutes ces années passées, la paix est-elle une réalité dans le pays ? Des analystes politiques donnent leur avis.
Environ une décennie de crise politico-militaire assortie d’un conflit armé postélectoral en 2010-2011. Le début des années 2000 a été marqué par des violences en Côte d’Ivoire. La population en a payé un lourd tribut. Selon des organismes internationaux, un peu plus de 3000 personnes ont perdu la vie dans les violences. Onze années après, la vie a repris dans le pays. La population vaque à ses occupations. Les activités économiques, politiques et autres s’animent. De l’avis d’observateurs de la vie sociopolitique ivoirienne, c’est le signe du retour d’un retour réel de la paix dans le pays.
C’est aussi ce que pense Dr Eddie Guipié, un enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo. Cependant, dit-il, « les politiques qui tiennent le destin des populations en main doivent renforcer cette paix. Ils doivent faire en sorte que le pays quitte la paix négative qui est une paix précaire et fébrile pour une paix positive qui, elle, peut se construire sur un consensus ».
« Nous venons d’assister à l’élection française. Il n’y a pas le même degré de fébrilité qui anime à la fois les politiques et les populations. Nous devons arriver à ce seuil. Faire en sorte que les règles soient claires et respectées par tous. Et que la vie politique soit ainsi pacifiée », recommande l’universitaire joint par 7info.
Après la crise postélectorale de 2010-2011, les nouvelles autorités du pays ont mis en place une politique de rassemblement qu’elles résument dans le vocable de ‘’Vivre ensemble’’. Des actions en faveur de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale sont entreprises. Ce sont entre autres la libération de détenus du fait des crises électorales, l’organisation de cadres d’échanges et de discussions entre responsables politiques.
Pour le journaliste, écrivain et analyste politique, André Silver Konan, les actions posées par les nouveaux gouvernants montrent que la paix, loin d’être une réalité dans le pays, est une quête. « La décrispation est une réalité en Côte d’Ivoire. Par contre je ne suis pas sûr qu’il y ait une paix totale. Si on continue de parler de réconciliation, si on continue de parler de dialogue politique, si on continue de parler de mécanisme pour que telle personne, et je cite par exemple Blé Goudé, doit avoir son passeport et d’autres encore en exil ; nous ne sommes pas encore dans une paix totale. Nous sommes dans une phase de transition vers la paix dont l’un des facteurs les plus importants est la décrispation », analyse-t-il pour 7info.
Après l’élection de 2010 qui a débouché sur une crise armée, deux autres élections ont eu lieu en 2015 et en 2020. Une nouvelle constitution a aussi été votée et promulguée. Il est bon aussi de noter à toutes fins utiles qu’après environ dix ans d’absence pour des raisons judiciaires, l’ancien président Laurent Gbagbo a été innocenté des faits dont il était accusé par la Cour pénale internationale (CPI). Il est rentré au pays le 17 juin 2021.
