L’idée de se succéder à lui-même semble bonne. Mais la répétition de la succession ne plaît pas à tous surtout au niveau des présidents africains. Et dans cette ambition, les critiques ne sont pas en faveur du président ivoirien Alassane Ouattara.
La dernière réaction de réprobation vient du Nigéria, un pays de la sous-région ouest-africaine. Elle est du président Muhammadu Buhari. Lors du 57e sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Nigérian s’est prononcé sur la question des mandats de plus. Muhammadu Buhari a demandé à ses pairs de la CEDEAO de se garder d’aller au-delà des délais réglementaires. « Il est important qu’en tant que dirigeants de nos différents États membres de la CEDEAO, nous respections les dispositions constitutionnelles de nos pays, notamment en ce qui concerne la limitation des mandats », a invité le président du Nigéria qui s’exprimait face à ses homologues à Niamey au Niger. « C’est un domaine qui génère des crises et des tensions politiques dans notre sous-région », fait savoir le président nigérian.
Muhammadu Buhari ajoute: « la sous-région fait face à d’énorme défis, qu’il s’agisse de la situation socio-économique ou des questions de sécurité. La Cédéao ne peut pas se permettre une autre crise politique …Je demande à tous de résister à la tentation de se maintenir au pouvoir au-delà des limites constitutionnelles », tel que rapporté par l’AFP.
Le sujet du respect de la limitation des mandats supplémentaires est en question dans des pays de la sous-région ouest-africaine. En Côte d’Ivoire, le débat a court sur un troisième mandat. Le président Alassane Ouattara en fin de son deuxième mandat s’engage à se succéder à lui-même. Pour la mouvance présidentielle, avec le vote et l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2016, la Côte d’Ivoire est dans une nouvelle République, ce qui implique une remise à plat des compteurs. La troisième candidature est donc perçue comme la première de la nouvelle République. C’est une interprétation que rejette l’opposition politique. Pour elle, le projet d’Alassane Ouattara est anticonstitutionnel. Aussi, entend-elle combattre cette candidature.
Idem en Guinée, où Alpha Condé, le président, brigue un troisième mandat présidentiel, marqué par des manifestations souvent violentes de l’opposition politique.
De plus en plus de voix contre les 3e mandats
Outre Muhammadu Buhari, d’autres chefs d’État prennent position contre les troisièmes mandats. Parmi eux, le président Macky Sall du Sénégal. Mais également le président Umaro Sissoco Embalõ fraîchement élu en Guinée-Bissau. Selon le confrère Jeune Afrique, courant août dernier, au cours d’une visioconférence sur le Mali, le président bissau-guinéen critiquait le silence de la CEDEAO face au désir de certains chefs d’État de briguer parfois un troisième mandat. Umaro Sissoco Embalõ avait à l’occasion fait savoir à ses pairs que « les troisièmes mandats sont aussi des coups d’État ».
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Revenant également sur la récente rencontre de Paris entre les présidents Emmanuel Macron et Alassane Ouattara, le confrère Jeune Afrique révèle aussi que le chef d’État français a marqué son désaccord à l’ambition de son homologue ivoirien de vouloir se succéder à lui-même pour la troisième fois de suite.
Les élections sont maintenues pour le 31 octobre 2021, a insisté le chef de l’État de retour de sa tournée internationale. La liste des différents candidats retenus par le Conseil constitutionnel sera publiée à la mi-septembre.
Richard Yasseu
7info.ci