En échange à la libération des 46 militaires encore retenus au Mali, Bamako exige l’extradition des exilés maliens en Côte d’Ivoire. A Abidjan, le président Alassane Ouattara convoque un conseil national de sécurité.
Pour la présidence ivoirienne, c’est “un chantage honteux voire odieux de la junte » que de poser comme condition à la libération de ses 46 militaires « injustement retenus” à Bamako, l’extradition des exilés maliens.
« C’est une prise d’otage qui ne restera pas sans conséquence. Notre position est claire : ce marché est inacceptable », a confié dimanche une source proche de la présidence ivoirienne à l’AFP.
La Côte d’Ivoire considère que ses 46 soldats encore détenus au Mali depuis plus de deux mois sont des « otages ». Une déclaration qui suit celle de la junte au pouvoir à Bamako, conditionnant la libération des soldats à l’extradition de personnalités politiques maliennes vivant à Abidjan. Allusion faite à Karim Keïta, le fils de feu l’ancien président Ibrahim Boubacar Kéita dit IBK, accusé par Bamako de détournement de fonds publics.
Le lundi 12 septembre 2022, est annoncée la tenue, cette semaine à Abidjan, d’un Conseil national de sécurité. Une réunion présidée par le chef de l’Etat Alassane Ouattara qui va porter en particulier sur la situation des 46 militaires.
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Selon certaines informations, la question de ces militaires ivoiriens encore retenus, devrait également être abordée en fin de semaine lors du sommet extraordinaire de la Communauté des Etats d’Afrique de l’ouest (Cédéao) délocalisé à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, selon cette même source.
« Si d’ici là rien ne se règle par la voie diplomatique, la Cédéao sera bien obligée de prendre des sanctions », a-t-elle prédit.
Le colonel Assimi Goïta, avait récemment accepté de ne plus exiger l’extradition des politiques maliens présents en Côte d’ivoire, en échange de la libération des soldats ivoiriens détenus au Mali.
Cette volte-face était-elle préméditée ? Quel est l’objectif recherché ? Audacieux coup de poker pour obtenir cette extradition, ou volonté d’allumer la mèche avec Abidjan ?
Plusieurs interlocuteurs avertis rappellent la « stratégie habituelle » des autorités de transition : exalter l’orgueil national et focaliser l’attention sur un dossier pour s’occuper plus tranquillement des autres.
Tristan Sahi