COVID-19

A Bouaké, les professionnelles du sexe font un clin d’œil à l’Etat pour leur soutien

Mis à jour le 7 avril 2020
Publié le 07/04/2020 à 7:35 , , , ,

Le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly a annoncé une enveloppe de 1700 milliards FCFA pour le soutien de l’Etat aux acteurs de l’économie, PME et grandes entreprises. Seulement, depuis Bouaké, l’ancien fief de l’ex-rébellion où des habitudes sont restées, une autre frange de contributrices à l’économie, fait un clin d’œil à l’Etat pour sa prise en compte dans l’appui de l’Etat ; les professionnelles du sexe. Le COVID19 a  changé la routine des populations de la ville de Bouaké. Le couvre-feu plonge celles qui exercent le plus vieux métier dans une période de disette. Quelques travailleuses de la nuit ont accepté d’en parler avec 7info.

L’épidémie du Coronavirus n’a pas seulement mis en chômage les travailleurs, commerçants du secteur informel et autres. Les travailleuses de la nuit sont également en chômage. Même son de cloche pour les péripatéticiennes de la capitale de la région de Gbèkè. Rien ne marche pour elles. Ce virus a fait fondre les clients et autres mecs à plumer dans la nature. Et les choses se sont beaucoup plus compliquées avec le couvre-feu instauré depuis le lundi 23 mars. Plus personne n’ose circuler dans les rues de Bouaké au-delà de 20 heures. Ce qui fait que les trottoirs sont déserts et les fées de nuit ne pouvant plus s’exposer. Carine P. mère de 4 enfants, est justement l’une de ces jeunes femmes qui a choisi le commerce du corps et du sexe. Elle le pratique depuis l’adolescence, bien qu’elle ait maintenant la quarantaine.

 << Ces temps-ci, les  choses ne marchent plus pour nous à cause du Covid-19. Tous les clients qui venaient me voir pour solliciter mes services ont pris la poudre d’escampette. Ils refusent même de répondre à mes appels. Actuellement, je suis complètement fauchée et  je n’ai rien pour subvenir à mes besoins et ceux de mes enfants que je dois nourrir. Je suis obligée d’emprunter de l’argent à un  voisin >> déplore-t-elle. Selon elle, l’apparition du coronavirus a eu beaucoup de conséquences sur son travail. Avant cette crise, elle pouvait se retrouver avec 60 000 FCFA ou plus par jour. Et avec la présence du Covid-19 où chacun cherche à se prémunir, elle peut rester toute une journée sans avoir la somme de 1000 FCFA. N’ayant que ce métier pour nourrir sa famille, elle reste stoïque, à la maison, priant pour la fin de l’épidémie le plus rapidement possible pour que les choses redeviennent normales et que son business reprenne.

Chute de la saison

<< Gné blè Nian tô >> en langue locale baoulé signifie, << notre saison a fortement chuté >> a affirmé une autre travailleuse de la nuit du nom de Affoué N. appelant le Président Alassane Ouattara à les mettre dans le lot des familles démunies à soutenir.

<< Les clients ne viennent plus à cause de cette pandémie du Covid 19. Et on ne peut plus fréquenter les bars, dancings et autres endroits qui sont fermés. Les trottoirs non plus à cause du couvre-feu >>, raconte cette belle nymphe qui dit vivre du plus vieux métier du monde. Son inquiétude, c’est également de ne plus pouvoir payer le loyer. << On ne sait plus à quel saint se vouer. Nous traversons des périodes difficiles, car nous  sommes en chômage technique. N’eut été les quelques économies que j’avais mis de côté comme épargne, cette période de crise serait très difficile pour moi et pour toute ma famille dont j’ai la charge >>, murmure-t-elle.

Contrairement à ses autres collègues, Bérénice K. Une véritable masse de beauté qui ne laisse aucun passant indifférent, continue toujours de recevoir sa fidèle clientèle. <<  Le Covid-19 ne peut pas m’empêcher de travailler car c’est mon gagne-pain. Tout ce que j’ai réalisé dans la vie, je l’ai eu en vendant mon magnifique corps >>, précise-t-elle sans gêne. Avant d’indiquer que << mes fidèles clients viennent me voir dans mon appartement où je reçois comme d’habitude. Mais comme tous les Ivoiriens, je respecte les mesures d’hygiène en me lavant bien les mains, en y mettant les gels hydro alcooliques.  Cette disposition est également valable pour mes visiteurs. Et après chaque contact avec un client, je prends le soin de bien me nettoyer par mesure d’hygiène », assure-t-elle.

Fatim T, sans être une travailleuse de la nuit se désole qu’elle ne voit plus les nombreux hommes qui lui rendaient visite, depuis l’apparition du Covid-19 sur le sol Ivoirien. Certains ne font qu’appeler. Et depuis l’annonce du couvre-feu, << certains  hommes que je recevais souvent dans la soirée m’ont clairement dit qu’ils ne pourront plus venir. D’autres m’ont même prié de ne plus essayer de les joindre >> fait-elle savoir, dépitée de ne plus avoir de mecs à plumer.

(Photo d’archives)

Oscar de Ouellé, correspondant régional

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