Au nombre des mesures prises par la Côte d’Ivoire pour faire front au coronavirus, la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes. 7info a décidé de séjourner à Danané, ville à cheval sur deux frontières terrestres, le Liberia et la Guinée.
Le mardi 24 mars, nous quittons Man pour Danané où la situation géographique mérite attention. Il est 8 heures 30 à la gare de Man à Danané. À la descente du mini car appelé communément appelé « massa » (Roi de la route), des jeunes conducteurs de mototaxi, nous accostent à la criée.
<<N’Zérékoré! N’Zérékoré ! Qui va en Guinée>>, lance l’un d’entre eux. Un appel qui nous intrigue tout de même. Nous faisons fi de cet appel, avec la ferme conviction de remonter le réseau, le temps de notre séjour à Danané. Le mercredi 25 mars, nous retournons à la gare de Man où nous croisons un motocycliste. Notre souhait, nous rendre en Guinée voisine. Une discussion s’engage entre nous. <<S’il vous plaît, je voudrais me rendre en Guinée. Comment dois-je faire avec cette mesure de fermeture des frontières ?>>.
Sans hésitation, notre interlocuteur nous rassure, faisant savoir que <<Ce n’est pas un problème. Nous savons bien que les frontières terrestres sont fermées. Mais, il y a des possibilités de rentrer en Guinée. Nous allons vous prendre et vous envoyer à Gbapleu. Là-bas, nos amis qui connaissent bien les pistes, peuvent vous envoyer en Guinée. Je vous dépose à 6000 francs CFA par personne et une fois là-bas, vous vous arrangez avec les frères de Gbapleu>>, nous fait-il savoir.
À la gare du Libéria, même son de cloche. Il faut une somme allant de 2000 à 5000 francs CFA pour arriver à Gbeunta pour se faire accompagner en terre libérienne. <<Mon vieux, si vous voulez partir au Libéria, ce n’est pas un problème. Nous allons vous accompagner chap chap (rapidement). Le transport individuel sans bagage est de 5000 francs CFA au plus. Si vous êtes prêt, je vous envoie tout de suite>>, assure un autre conducteur de mototaxi.
Selon eux, les corps habillés sont très intransigeants quant il s’agit des mesures gouvernementales dans des cas de maladie comme ce à quoi nous sommes confrontés. Le maire de la commune de Danané, Dr Ouattara Lacina, se dit prêt à lutter par tous les moyens humainement possibles pour éviter que la maladie ait un foyer à Danané. Du côté de la compagnie de gendarmerie, les consignes sont fermes, selon le premier responsable. <<Nous savons que les frontières sont poreuses. Nous sommes préparés à toutes ces éventualités. Nous allons prendre nos précautions pour contrer toutes velléités de viol des mesures gouvernementales>>, martèle un officier supérieur de la gendarmerie.
La maladie à Coronavirus continue de sévir. Et tous les moyens sont propices pour freiner la propagation de ce mal. Les forces de l’ordre sont bien attendus sur le volet fermeture des frontières terrestres car des échos font savoir que quelques-uns tirent quelques profits avec les conducteurs de mototaxis de Danané.
(Photo d’archives)
Olivier Dan, Correspondant Ouest
7info.ci