Le Président de la République Alassane Ouattara est arrivé. Avec lui, on a senti les choses bouger et les décisions prises. Suivant le communiqué du Conseil National de Sécurité dont le ministre Sidiki Diakité a lu la teneur, « « Le Président de la République a lancé un appel aux populations afin qu’elles respectent les consignes de précaution et d’interdiction érigées contre les installations anarchiques d’habitations dans les zones à risque et donné des instructions pour que les décisions du Conseil National de Sécurité de ce jour soient mis en œuvre sans délai. »
Ouattara est de retour et avec lui un dynamisme soudain de certains ministres qui étaient dans l’expectative. On retient que des ivoiriens, sous le regard bienveillant de l’Etat avec son administration en charge de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme, a laissé ces ivoiriens, s’installer sur des voies d’eau, de façon « anarchiques ».
Claude Isaac Dé, ministre qui porte le lourd fardeau de se retrouver sous les feux de la rampe, tente depuis son arrivée à la tête de ce département, tant bien que mal, de mettre un peu d’ordre dans la délivrance des permis de construire. Quoique…
Le gouvernement a donc, face au désastre subi par les ivoiriens, décidé d’apporter un appui financier de 2 milliards FCFA. C’est bien. 1650 soldats, gendarmes et policiers seront déployés dans la ville d’Abidjan sur les sites et quartiers à risque pour apporter assistance à la population. Des mesures d’assistance ont été prises. C’est encore bien.
Mais, à parcourir le communiqué final de ce conseil de sécurité national, personne ne paiera pour ces 18 morts et 138 familles sinistrées. Aucune enquête n’est annoncée mais il est dit que les machines vont réduire en gravats les résidences cossues bâties sur les voies d’eau.
Comment va-t-on retrouver ces maisons à détruire ? C’est dire qu’on les connaît à l’avance alors !! Qu’attendait-on depuis longtemps pour les détruire et éviter ce drame qui douche l’ardeur des ivoiriens qui commençaient à se délecter des coups rendus par le PDCI-RDA à l’allié RDR ?
L’Etat a laissé faire. Et, à l’issue de ce CNS, les Ivoiriens devraient porter plainte contre l’Etat devant les juridictions pour mise en danger de la vie d’autrui. En Côte d’Ivoire, ce n’est un secret pour personne que nos frères et sœurs du Ministère de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme, pas tous bien sûr, mais les autorisations partent d’ici, affectionnent le marché noir. Depuis 18 mois à la tête du département ministériel tente de corriger les choses. Mais que représentent ces 18 mois face à des décennies mauvaises habitudes?
S’il s’était trouvé plus d’hommes probes dans la Tour D, où est logé ce ministère, des vies auraient pu être sauvées. Et on aurait pu utiliser les 2 milliards FCFA débloqués aujourd’hui pour l’approvisionnement en eau potable de Bouaké ou Diabo.
Non, le Président de la république qui a écourté son séjour pour rentrer à Abidjan ne saurait ne pas entrevoir de sanctions contre ceux qui ont tué leurs compatriotes. Il faut bien que dans ce pays, quelqu’un paie un jour face à la passivité administrative qui fait le lit à l’incivisme. Non, il faudrait un audit de ce ministère, que l’on comprenne comment des permis de construire ont pu être délivré, sachant qu’il y a des zones à risque, non, non et non, il faut bien que des sanctions tombent !
Elles ne ramèneront pas à la vie les disparus mais soulageront les âmes en peine face à un mutisme atavique qui nous fait accepter l’inacceptable comme une volonté de Dieu.
L’émergence à laquelle le pays aspire ne saurait être un point de mire sans justice, sans équité, sans la bonne gouvernance. Celle-ci impose que des fonctionnaires corrompus tremblent car découverts. A l’issue de cette réunion, Monsieur le Président de la République, les ivoiriens s’attendaient à ce qu’une enquête débute ce jour même. La procrastination facilitera des manœuvres de camouflage de documents par les indélicats. Il s’agit de faire vite, quitte à retrouver ceux qui sont à la retraite. Seule la mort devrait sauver des coupables.
Face à ce mutisme sur les sanctions, le pouvoir prête le flanc aux critiques. Pour retrouver ceux qui à longueur de journée encaissent des sommes énormes dans le dos de l’Etat pour faciliter l’anarchie aujourd’hui meurtrière, personne, sauf ces fonctionnaires et agents véreux pouvaient crier au loup ! La grande masse observe et sait juger par les actes.
Adam’s Régis SOUAGA
Source : rédaction PôleAfrique.info