Porte d’entrée sud de la ville d’Abidjan, le Carrefour AKWABA et son emblématique statue symbolisée par l’accolade de bienvenue que l’hôte donne au visiteur de la capitale économique ivoirienne, est au cœur d’un débat sur la Toile. La disparition depuis quelques jours de l’ouvrage de ce site stratégique interroge.
Point de jonction de plusieurs voies internationales (entrée et sortie de l’aéroport d’Abidjan, voies internationales ouvrant sur Grand-Bassam et la région du Sud Comoé au Ghana voisin), le Carrefour AKWABA est en chantier depuis trois mois. Ces travaux vont durer plus de deux ans, soit bien au-delà de la période de la CAN 2023 de football qu’accueille la Côte d’Ivoire en janvier 2024.
Mais la réalisation de ces travaux, les usagers du tronçon du Boulevard Valérie Giscard D’Estaing – Port-Bouët ont relevé la disparition de la statue des deux bonhommes qui se font le ‘’Atou’’ (expression désignant les accolades dans le jargon ivoirien).
La situation inquiète certains qui trouvent en ce monument vieux de plus de 20 ans, une importance capitale pour le pays.
« AKWABA nous dit AU-REVOIR ! Et c’est bien dommage ! Eh oui vous ne la verrez pas de sitôt… nous ne la verrons pas de sitôt », a réagi Gboko Koffi via un post sur Meta.
L’internaute s’interroge si « le monument gênait-il véritablement les travaux ou si ce sont les travaux qui gênaient le monument puisqu’il s’y trouve depuis au moins 30 ans ? ».
« Autant des personnalités de la vie quotidienne peuvent être nommées Ambassadeurs du tourisme, autant des lieux, monuments, ou pratiques peuvent constituer des images de marque. Au Sénégal il y a le monument de la Renaissance, au Bénin il y a L’Amazone, en Egypte, il y a les pyramides, au Ghana le mausolée de Kwame Nkrumah, au Burkina Faso la statue et le boulevard Thomas Sankara, le Kilimandjaro en Tanzanie, le désert du Ténéré au Niger… », a-t-il argué.
Ses propos divisent la blogosphère ivoirienne
Pour certains, cette œuvre du sculpteur monumentaliste, maître Koffi Donkor, symbolise la légendaire hospitalité du peuple ivoirien très cosmopolite.
« Dommage si d’aventure ce symbole de la côte d’ivoire doit disparaître », se désole un autre internaute.
« Ne pourrait-on pas trouver un autre emplacement à l’aéroport pour accueillir ce monument ? », propose un autre.
Pour celui-ci, « on aurait pu prendre en compte le monument dès le départ de la conception de l’échangeur ».
Pour d’autres, avec le développement, on ne peut vraiment pas faire d’omelette sans casser les œufs.
« Je comprends vraiment ta peine, ton angoisse mais à ta place, je demanderais à voir la maquette avant de me prononcer. Ne nous limitons pas à cette disparition de la statue mais au travail fini », rétorque un internaute.
Voici ce qui en est réellement
En réalité, selon nos informations, la statue AKWABA est bel et bien en lieu sûr. Elle a juste été déplacée pour être protégée, le temps de l’avancement des travaux de l’échangeur. Il s’agit d’un échangeur dont les travaux de construction s’inscrivent dans le cadre du projet « Port-Ville du Grand-Abidjan » dont la durée est de 30 mois. Il est piloté par le géant des BTP, l’entreprise CHEC fondée en 1957 par les fédérations d’entreprises du Bâtiment et des Travaux Publics. L’échangeur sera aménagé en cinq branches express de l’aéroport d’Abidjan et relié à l’axe Port-Bouët- Grand-Bassam. Un viaduc et deux ouvrages d’arts sont prévus, y compris la statue AKWABA selon la maquette consultée par 7INFO.
Vingt milliards FCFA est le coût de réalisation de cet échangeur ultra-moderne qui va désengorger et fluidifier la mobilité dans le sud d’Abidjan. Une bonne partie de l’ouvrage sera livrée avant la CAN 2024.
Tristan Sahi
