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Acquittement de Simone Gbagbo- Les victimes, « Si ce n’est pas elle c’est qui? », sa défense, « HRW et FIDH, votre problème est où? »

Mis à jour le 1 février 2019
Publié le 05/04/2017 à 3:39

L’acquittement de Simone Gbagbo suscite un manque de confiance des victimes des crises en Côte d’Ivoire vis-à-vis de la justice de ce pays. 

« Les victimes des crises en Côte d’Ivoire n’ont plus confiance en la justice ivoirienne », c’est le sentiment éprouvé par Issiaka Diaby, le président de l’Association des victimes des crises en Côte d’Ivoire, joint ce mercredi 5 avril par Politikafrique.info.

Selon lui, le verdict rendu par la justice ivoirienne dans le procès de crimes contre l’humanité et crimes de guerre ne rassure pas les victimes pour la dénonciation d’autres allégations commises en Côte d’Ivoire. « Il y a un premier groupe de victimes qui s’est porté témoin pour dénoncer des faits. Mais vu l’issue des procès en Côte d’Ivoire, pensez-vous que les autres viendront se présenter pour dénoncer d’autres crimes ? Ces victimes n’ont plus confiance. Or il faut éviter que les victimes n’aient plus confiance en la justice ivoirienne », fait-il savoir. Rappelant  les événements de Duékoué et de Guitrozon dans l’ouest ivoirien, il interroge : « Pensez-vous aujourd’hui que ces victimes auront encore le courage de venir dénoncer un officier supérieur de l’armée actuellement en fonction par exemple et apprendre plus tard que ce dernier est acquitté ? ».      
A l’instar d’Issiaka Diaby, l’acquittement de Simone Gbagbo, l’épouse de Laurent Gbagbo l’ex-président ivoirien, a fait réagir de nombreuses organisations depuis sa prononciation. Une semaine plus tôt, dans des communiqués, Human rights watch (HRW), la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et d’autres ONG de défense des droits de l’homme, ont dénoncé cette décision de justice.  

Ces ONG ont en outre préconisé l’idée de transfèrement de l’acquittée à la Cour pénale internationale (CPI) pour les mêmes faits. Estimant selon elles que le verdict prononcé en Côte d’Ivoire « démontre les nombreuses irrégularités qui ont entaché le procès ». « L’enquête peu approfondie et les preuves tenues présentées lors de son procès souligne l’importance de l’affaire en cours contre Simone Gbagbo à la CPI pour des crimes similaires », avait indiqué Human rights watch (HRW). 

Réaction pour réaction, hier mardi 04 avril 2017, c’est l’équipe de défense de Simone Gbagbo qui est montée à son tour au créneau. « Nul ne peut être jugé deux fois pour les mêmes faits », chargent Me Habiba Touré et Me Ange Rodrigue Dadjé, qui jugent « surprenant que des ONG dont l’objet est justement la défense des droits de l’homme, semblent ignorer ce principe élémentaire que même le statut de Rome instituant la Cour pénale internationale ne remet pas en cause ». 

HRW et FIDH selon les avocats de l’ex-première dame, ont un « caractère partisan ». « Nous condamnons le caractère partisan des sorties médiatiques de ces ONG qui n’hésitent pas à exiger des poursuites à l’encontre de Mme Simone Gbagbo sans jamais solliciter nommément des poursuites à l’encontre des responsables des force pro-Ouattara qui sont par de nombreuses victimes, accusées de crimes contre l’humanité à répétition de 2002 à 2012 », lit-on dans leur déclaration. 

« Quand on dit que Simone Gbagbo ne devrait plus être poursuivie pour les mêmes faits, il faut se demander si le procès qui a abouti à son acquittement a respecté les normes internationales. Il faut aussi se demander si les infractions visées par la CPI sont les mêmes que ceux qui ont été jugés ici », réagit Issiaka Diaby. Non sans indiquer que « la justice ivoirienne a failli ». Car dit-il, « Si ce n’est pas Simone, alors qui est-ce ? ». 

Le 28 mars 2017, Simone Gbagbo a été acquittée par la justice ivoirienne. Elle était en procès depuis le 31 mai 2016 pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre retenus contre elle dans le cadre des procès de la crise postélectorale qu’a connue la Côte d’Ivoire de 2010 à 2011. C’est aussi pour ces mêmes chefs d’accusation que la Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt depuis 2012. Cette juridiction internationale, elle, a à nouveau réitéré son désir de se voir livrer Simone Gbagbo comme déjà révélé par Politikafrique.info dans un article précédent. 
Richard Yasseu 
Source : rédaction Politikafrique.info

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