Vous qui avez été proche des jeunes patriotes (partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo) depuis un certain temps, on vous voit en compagnie des responsables du parti au pouvoir. Qu’est-ce qui explique ce rapprochement ?
Nous sommes un groupe de pression, qui essayons de critiquer, évaluer l’action gouvernementale. Il va s’en dire que par moment vous allez nous voir avec des hommes du gouvernement. Sachez que jamais nous n’avons été proches du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Nous sommes plutôt à côté du gouvernement pour apporter des critiques. Et faire des propositions aux différentes autorités.
Vous dites que vous êtes à côté du gouvernement. N’est-ce pas une manière de jouer votre survie politique ?
Dans l’une de vos interviews, vous avez exhortez le président Laurent Gbagbo a refusé la plateforme de l’opposition que dirige le président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié. Pourquoi?
Au niveau de la Coalition Patriotique pour l’Emergence nous avons fait le bilan des trente années de gestion de la Côte d’Ivoire. Nous avons fait le constat que toute la gestion a été basée sur des alliances politiques. Or, ces alliances politiques n’ont rien apporté au pays si ce ne sont des crises. Pour nous, il faut impérativement que les acteurs politiques sortent de ces alliances et essaient plutôt de proposer aux Ivoiriens une offre politique. C’est ce combat que nous menons, raison pour laquelle nous disons à Laurent Gbagbo que s’il veut revenir sur la scène politique, il ne serait pas bienséant pour lui d’entrer dans une alliance vu que l’environnement politique a changé. Il est donc important pour lui de proposer un bon projet de société aux Ivoiriens et non de s’engager dans une alliance.
Vous insinuez que toutes les alliances politiques en Côte d’Ivoire n’ont été que des échecs.
Bien sûr. Chaque fois qu’il y a eu alliance, cela n’a rien apporté de bon au pays. Voyez-vous, quand les gens font une alliance pour arriver au pouvoir, qu’est-ce qu’on constate. Au lieu de travailler pour les Ivoiriens, c’est plutôt des querelles entre eux. C’est parce que dans une coalition politique, il y a plusieurs idéologies, plusieurs chocs d’intérêts, plusieurs courants. Donc, une fois aux affaires, ces courants s’entrechoquent et cela crée des crises à répétition. Pour nous c’est clair l’expérience des alliances, n’a rien apporté à la Côte d’Ivoire.
Il y a eu des réformes au sein de la Commission Électorale
L’opposition laisse de côté les revendications sociales pour se concentrer uniquement sur les revendications politiques. Elle (opposition) oublie souvent les populations. Pour nous, sachez que gagner une élection ne passe pas par le contrôle de la CEI. La victoire à une élection se fait avec une offre politique. Donc cela ne sert à rien de courir pour chercher à contrôler la CEI. L’opposition a demandé des réformes au sein de la CEI, elles ont été faites. Il faut qu’elle sache que personne dans ce pays ne pourra tailler une CEI à sa mesure ou à la mesure d’un parti politique. Le plus important, il faut avancer. Des individus, pour le contrôle de la CEI, sont aujourd’hui prêts à brûler le pays. Et pourtant le sac de riz augmente, la vie est chère cela ne leur dit absolument rien. Or, quand on est opposant c’est ce combat qu’on doit mener. Mais, ils ne le font pas loin des attentes des ivoiriens. C’est une opposition qui portent ses aspirations. Ils se concentrent sur la CEI parce que c’est juste un marche-pied pour atteindre certains objectifs. Ils sont prêts à brûler le pays mais qu’ils sachent que nous, la société civile, nous les attendons de pied ferme.
Comment comptez-vous vous investir dans la campagne électorale de 2020 ?
Pour le moment nous sensibilisons la population sur le mode de changement de désignation de leurs élus. Nous avons surtout remarqué que pendant trente années, elles axaient leurs choix sur des alliances qui parfois sont d’ordre religieux, tribal, régionaliste. Aujourd’hui nous sensibilisons les populations en leur disant que ces alliances ne sont pas la solution. Pour preuve, nous sommes restés pendant trente dans ces alliances que nous qualifions de tontine politique et pendant tout ce temps, les mêmes problèmes que vit la population demeurent. Nous appelons de tous nos vœux au renouvellement de la classe politique. Nous mettrons bientôt en avant le portrait-robot de celui-là même qui sera capable de changer le quotidien des Ivoiriens. Car notre devoir, c’est d’amener la population à voter la meilleure offre politique.