Des témoignages aussi intrigants les uns que les autres et relayés sur les réseaux sociaux ont permis de lever le voile sur les sombres coulisses d’un concours de beauté en Côte d’Ivoire. Mais les témoins approchés par 7info affirment avoir reçu l’ordre de ne pas communiquer avec la presse. Une procédure judiciaire serait en préparation.
Elles ne souhaitent pas vraiment s’exprimer ou du moins, préfèrent suivre les recommandations du ministère de la femme, de la famille et de l’enfant. Selon plusieurs filles, victimes de harcèlement, de chantage et de viol pendant ce concours de beauté organisé chaque année, une procédure judiciaire serait en préparation contre le principal accusé.
Les faits reprochés au promoteur du concours sont graves. Et les pratiques datent parfois de plusieurs années.
« C’était en 2014 lorsque nous étions en regroupement dans un hôtel de Divo pour les présélections. Nous avions été logées à plusieurs dans la même pièce et moi j’étais avec une autre fille. Nous n’étions que deux dans la chambre alors qu’ailleurs, les filles se retrouvaient à quatre ou cinq. Ce que je n’ai pas compris, c’est que dès le départ, le promoteur avait retiré les clés de la serrure de la chambre. Il pouvait donc débarquer à tout moment. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait à plusieurs reprises et nous a surprises nues. Il faisait irruption dans notre douche comme il le voulait. Il nous a même demandé de nous mettre complètement nues sous ses yeux afin qu’il vérifie si on avait des tatouages ou pas » confie à 7info, une candidate sous le sceau de l’anonymat.
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Selon elle, le promoteur de ce concours aurait tenté d’avoir des rapports intimes avec elle après avoir trouvé le moyen d’éloigner sa voisine de chambre.
« Ses collaboratrices nous ont demandé de nous rendre dans sa chambre aux alentours de minuit et une heure du matin. Chose que j’ai trouvée bizarre, mais selon elles, toutes les filles devraient passer selon un programme bien établi. Ma voisine était sortie un moment et moi je suis allée dans sa chambre pour l’entretien croyant que j’y serais avec d’autres filles, mais non. Une fois à l’intérieur, il a fermé sa chambre à clé et m’a poussé sur le lit. Il a tenté de me mettre nue et ainsi abuser de moi, mais je n’ai pas cédé. Mon calvaire a duré une vingtaine de minutes. C’est Dieu qui m’a sauvé parce que j’étais pratiquement au bord de l’épuisement quand il a décidé d’abandonner. Il m’a ensuite ordonné avec véhémence de quitter sa chambre. Cette histoire m’a traumatisée pendant des mois », a-t-elle révélé.
Si pour certaines les faits se sont déroulés pendant le concours, pour d’autres, c’était au niveau de la première étape de sélection. Une partie de jambes en l’air est proposée comme critère de recrutement.
« Moi il m’a contacté sur les réseaux sociaux et m’a fait savoir que je ferais une bonne Miss. Il m’a par la suite demandé d’envoyer les photos avec des tenues spéciales, notamment des maillots de bain et autres tenues indiquées. C’est après cela qu’il me fait savoir qu’il y a une dernière étape à franchir. Pour être sélectionnée, il me fallait coucher avec lui et d’autres personnes. Ce que j’ai catégoriquement refusé. Il s’est alors lancé dans un terrible harcèlement. Tous les jours c’était des appels, des messages et des menaces. J’ai conservé tout cela en attendant de les montrer en cas de procès », révèle la victime.
Une action judiciaire en cours
Selon nos informations, la Ligue ivoirienne de défense des droits de la femme s’est saisie du dossier. Plusieurs témoins auraient raconté leurs mésaventures dans ce concours. Joints par la rédaction, ses responsables ne souhaitent pas pour le moment livrer les conclusions de ces rencontres.
« Vous êtes d’accord avec moi que l’affaire est sensible. Nous ne cherchons pas des témoins qui vont raconter ce qu’elles ont vécu sur les réseaux sociaux ou dans les médias, mais plutôt des personnes prêtes à témoigner à la barre. Le dossier est en préparation et le moment venu, nous allons communiquer », a coupé court Bénédicte Otokoré, juriste et membre de la ligue.
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Dans ce même élan, certaines victimes contactées ont affirmé avoir été reçues par le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant. La consigne est claire. Il faut « se garder de communiquer avec les médias. Nous prenons l’affaire en main », révèle un témoin qui s’est finalement abstenu de partager son expérience.
De son côté, le comité d’organisation de ce concours de beauté n’a pas souhaité réagir sur la question. L’assistante du promoteur jointe au téléphone a promis d’informer son responsable, mais sans suite.