La question de la pratique de l’homosexualité au regard de la loi en Côte d’Ivoire revient au-devant de la scène avec le procès Love Gugu.
Le vendredi 20 août 2021, se tenait au palais de justice à Abidjan Plateau un procès en diffamation sur des pratiques homosexuelles. Le jugement opposait les cybers activistes Yvidero et « Love Gugu ». Pour insuffisance de preuves, le verdict a tourné en faveur de cette dernière qui a soutenu mordicus avoir eu des rapports intimes avec celle qui l’accusait.
La décision a suscité des scènes de joie chez les proches de « Love Gugu » et sûrement chez les partisans des Mouvements LGBT (lesbien, gay, bisexuel, transgenre et intersexe).
Mais ce procès, au-delà de son aspect juridique, soulève la question de la pratique de l’homosexualité en Côte d’Ivoire. Que dit la loi sur cette orientation sexuelle ?
Sur 45 pays en Afrique subsaharienne, 28 disposent de textes de lois claires sur la question. Dans ces pays, la pratique de l’homosexualité est généralement interdite ou réprimée. Cette orientation sexuelle est définie comme une pratique « contre-nature ». Ailleurs, un flou existe autour de la question.
Selon Dr Albert Yao, Enseignant-chercheur en Sociologie à l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo, c’est le cas de la Côte d’Ivoire. « Aujourd’hui, il faut savoir qu’aucune loi n’interdit l’homosexualité en Côte d’Ivoire », soutient-il. L’expert ivoirien en sociologie estime que le phénomène est la conséquence de l’évolution des sociétés qui s’adaptent en fonction des réalités auxquelles elles font face.
« Face à l’occidentalisation donc et au mimétisme que nous connaissons, certains Africains s’adonnent à des pratiques qui jadis étaient très cachées. Cette pratique devient de plus en plus courante. Face à la pauvreté, certains jeunes se livrent à l’homosexualité avec des personnes qui ont suffisamment de moyens ou des gourous haut placés pour vivre. Certains la pratiquent par fétichisme dans l’espoir toujours d’avoir de l’argent », analyse-t-il pour 7info qui l’a joint.
Dr Yao Albert pointe aussi du doigt le mimétisme, le fait de vouloir faire ce qui se fait en occident, mais surtout pour être à la mode. « Toutes ces pratiques découlent de ce que nous appelons la démocratisation des mœurs ou chacun est libre de faire certaines choses. Et si nous sommes en démocratie alors la liberté se fait aussi au niveau des pratiques sexuelles. Donc c’est un engrenage qui part du haut vers le bas et prend de plus en plus d’ampleur dans nos sociétés », soutient l’universitaire.
Du côté de l’exécutif ivoirien, la question semble déjà tranchée. « Concernant la déclaration sur l’homosexualité, je n’ai pas de commentaire à faire », avait fait savoir le président Alassane Ouattara courant 2013 au cours d’une conférence de presse de fin de visite d’Etat qu’il effectuait dans les régions Nord du pays.
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« Nous avons des lois en Côte d’Ivoire, nous avons des traditions et donc la France fait ce qui est conforme à sa tradition. Les États-Unis aussi et la Côte d’Ivoire a ses propres traditions », avait également ajouté Alassane Ouattara.