L’ancien président du Burkina Faso Blaise Compaoré, exilé en Côte d’Ivoire depuis sa chute le 31 octobre 2014, est rattrapé par son passé.

L’ex-commandant des commandos de Pô sera jugé pour l’assassinat du père de la révolution burkinabé, Thomas Sankara. Désormais ivoirien, le « beau Blaise » échappera-t-il à son destin et à la justice de son pays d’origine ?

L’ex-président burkinabé Blaise Compaoré est réclamé par la justice du Burkina Faso. L’ancien homme fort de Ouagadougou est poursuivi par le tribunal militaire pour attentat à la sureté de l’État, complicité d’assassinat et recel de cadavres dans le dossier de l’assassinat, le 15 octobre 1987 de Thomas Sankara, alors chef de l’État.

Exilé en Côte d’Ivoire après sa chute fin octobre 2014, Blaise Compaoré a fini par prendre la nationalité ivoirienne de sa femme, « Une pirouette de Blaise Compaoré pour tenter d’échapper à la justice. Cela ne pourra pas marcher. Il devra répondre de ses actes devant la justice militaire », lance d’une voix furibonde Norbert Ouédraogo, étudiant burkinabé vivant en Côte d’Ivoire.

 Compaoré sera-t-il extradé ?

Trente-quatre ans après l’assassinat de Thomas Sankara, la justice militaire burkinabé vient de faire une piqûre de rappel à l’un des principaux accusés, Blaise Compaoré. Les charges retenues contre lui ont été confirmées le mardi 13 avril 2021. « L’heure de la justice a enfin sonné, un procès peut s’ouvrir », se réjouit Me Guy Hervé Kam, avocat des parties civiles.

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Mais, selon Dr Bah Mahier Jules-Michel, enseignant-chercheur en sociologie politique à l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, Blaise Compaoré ne sera pas extradé tant qu’Alassane Ouattara est au pouvoir en Côte d’Ivoire.

« Compaoré a pris la nationalité ivoirienne lorsqu’il a été éjecté du pouvoir par la rue. Sachez que tant qu’Alassane Ouattara sera au pouvoir, il ne sera jamais extradé. Et il n’y aura aucune pression sur le pouvoir d’Abidjan, car, Alassane Ouattara est un leader de la sous-région et de la France-Afrique. Et, le pouvoir de Ouagadougou ne va pas se mettre à dos le chef de l’État d’un pays où vivent des millions de ses compatriotes. Je vous informe que les données indiquent que les Burkinabè constituent 47% des étrangers vivant en Côte d’Ivoire  », explique l’enseignant-chercheur.

La nationalité ivoirienne peut-elle sauver Compaoré ?

« Le 15 octobre 1987 au moment de la commission des faits dont sa culpabilité ne fait l’ombre d’aucun doute, Blaise Compaoré était Burkinabé. Il ne doit pas se réfugier derrière une nationalité ivoirienne dans l’espoir d’échapper à la justice de son pays. Prenons le cas de Youssouf Fofana, un Français d’origine ivoirienne suspecté d’être le chef du gang responsable de la séquestration et de la mort d’Ilan Halimi.

Venu se cacher en Côte d’Ivoire, son pays d’origine après son forfait en Hexagone, il a été arrêté en février 2006 dans la cour de ses parents à Abobo puis extradé vers la France. Sachez que la nationalité ivoirienne ne constitue en rien une quelconque immunité », soutient Yves Konan, doctorant en sciences juridiques.

Si procès il y a , et que les faits brandis contre Compaoré sont avérés, il encourt la prison à vie. La peine de mort ayant été abolie en 2018.