Lors de la rencontre qu’il a eue ce jeudi 13 février avec le Vice-président Daniel Kablan Daniel, Pascal Affi N’guessan a évoqué les cas Laurent Gbagbo et Guillaume Soro.
Personne n’aurait imaginé quelques mois avant que Pascal Affi N’guessan, président du FPI (Front Populaire Ivoirien) serait un avocat de Laurent Gbagbo et Guillaume Soro. Il a rencontré Daniel Kablan Duncan pour essayer de le convaincre de peser de tout son poids auprès du chef de l’Etat pour le retour au pays de Guillaume Soro, de l’ancien président Laurent Gbagbo et du leader de la Jeunesse Charles Blé Goudé, tous deux poursuivis par la CPI (Cour pénale internationale).
Mais, au nom de la réalité politique et surtout pour laver l’affront dont il a été victime lors de la guerre pour le contrôle du FPI qui l’opposait aux GOR (Gbagbo ou rien), le président du Conseil régional du Moronou a décidé de faire tout pour le retour de son »patron » (Gbagbo).
« On ne peut pas accepter que le gouvernement de Côte d’Ivoire demande face à la communauté internationale, face à l’histoire de la Côte d’Ivoire que les fils et filles de ce pays restent dans la lignée de la détention, il faut que Ouattara le comprenne. Nous allons agir pour que Ouattara révise sa position et qu’il comprenne que la Côte d’Ivoire n’est pas un bien personnel », avait-il indiqué dès son retour de la Haye (Pays Bas).
Pour joindre l’acte à la parole, l’ex-Premier ministre a sollicité une audience auprès du chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Le Président de la République étant en visite de travail en France, c’est finalement Daniel Kablan Duncan, Vice-président qui a reçu ce jeudi 13 février 2020 le président du FPI.
Le numéro deux ivoirien était en compagnie du ministre d’Etat, ministre de la Défense, Hamed Bakayoko et du ministre Patrick Achi. La délégation d’Affi N’guessan était composée de la première vice-présidente du parti, Christine Konan, du Secrétaire général et porte-parole Issiaka Sangaré, et du vice-président chargé des élections, Kouakou Kra.
Au sortir de cette rencontre de plus d’une heure d’horloge, avec le vice-président, le président du FPI a déclaré a fait savoir que « Nous avons souhaité que l’acte majeur qu’il a posé à travers l’amnistie ne soit pas une symphonie inachevée. Aujourd’hui, d’autres compatriotes, des militaires sont encore en prison. Cette situation limite la décision (amnistie) qui a été prise en 2018. Nous avons souhaité que le président de la République aille au bout de sa volonté de tourner la page de la crise de 2010-2011 ».
Une volonté qui doit se traduire selon Pascal Affi N’guessan par l’implication du Président de la République dans le retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.
« La CPI a conclu l’acquittement. Il nous appartient en tant que Ivoiriens de reprendre ce dossier. De notre point de vue,c’est un message qui nous est adressé. Et nous sommes venus voir avec le chef de l’Etat ce qu’il faut faire pour que le retour de Gbagbo et Blé Goudé participe au retour de la dynamique de réconciliation nationale et de reconstruction de notre pays. »
Le cas Guillaume Soro évoqué
Rejeté par certains partis politiques de l’opposition tel que le PDCI (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire) qui avait préféré la branche dissidente du FPI dirigée par Pr Assoa Adou, celui qu’on surnomme le « lion du Moronou », après avoir reconsidéré sa position vis-à-vis de Laurent Gbagbo, a aujourd’hui toutes les cartes en main pour devenir un acteur incontournable dans la sphère politique ivoirienne. Une situation qu’il attend mettre à profit. C’est dans cette optique qu’il a saisi l’opportunité de cette audience pour évoquer le cas Guillaume Soro, ancien président de l’assemblée nationale de Côte d’Ivoire poursuivi pour tentative de déstabilisation des institutions républicaines.
« Je ne vais pas vous mentir; nous avons évoqué le dossier de l’ancien président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro. Nous nous inquiétons par rapport à la situation actuelle. Il faut que le président voit dans quelle mesure il peut agir pour qu’aucun ivoirien ait une raison pour mettre à mal la paix et la stabilité de ce pays surtout dans la perspective des élections à venir », révèle-t-il.
Il faut dire que celui qui était hier considéré comme le traître du groupe, exclu du parti à la rose un peu fanée, se révèle un habile politique.
Arnaud Houssou