2020-2023, en trois ans seulement la situation politique dans plusieurs pays de l’Afrique francophone s’est fortement dégradée. Des militaires, sortis des casernes, sont devenus maîtres du jeu politique après des coups d’Etat.

Mali, Guinée, Burkina Faso, Niger et maintenant le Gabon. Ces cinq pays, tous de l’Afrique francophone, ont désormais un point commun. Ils sont dirigés par des militaires. Sortis des casernes, des éléments des armées de ces pays ont fait intrusion dans la gestion du pouvoir d’Etat. Après des putschs, ils sont pris les rênes de leurs Etats respectifs.

Le CNSP désormais maître au Mali

C’est d’abord le Mali qui est le premier à s’illustrer dans cette série de coups d’Etat perpétrés en trois ans en Afrique francophone. Mi-août 2020, des militaires sortis de la caserne de Kati ont pris possession des positions stratégiques de Bamako avant de s’emparer du palais présidentiel. Réunis au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), ce groupe dirigé par le colonel Assimi Goïta annonce plus tard, la fin du pouvoir du président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), et la mise en place d’une transition. Elle est dirigée par Bah N’Daw avec pour Premier ministre, Moctar Ouane. Assimi Goïta, lui, occupe la fonction de vice-président. Mais ce nouvel ordre va très vite être chamboulé. Neuf mois après, un nouveau coup d’État est perpétré. Le président de la transition et son équipe sont renversés. Désormais, la présidence de la transition est entièrement aux mains du colonel A. Goïta. Depuis, ce sont les militaires qui gèrent ce pays de l’Afrique de l’ouest.

Le CNRD du colonel Doumbouya renverse Alpha Condé en Guinée

La situation au Mali était toujours en discussion au niveau de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) lorsqu’une nouvelle crise a éclaté en Guinée. Le 5 septembre 2021, alors que la grogne monte contre un projet de troisième mandat du président sortant, des militaires des forces spéciales ont marché sur le palais présidentiel. Dirigés par le colonel Mamadi Doumbouya, ils installent le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD). C’est d’ailleurs avec cette organisation que cet officier préside la transition actuellement en cours dans ce pays de l’ouest du continent.

Les militaires du MSRP chassent Roch Marc Christian Kaboré au Burkina Faso  

Le Burkina Faso est le troisième pays a enregistré aussi un coup d’Etat. Cinq mois après le coup en Guinée, des militaires font intrusion dans la gestion du pouvoir d’Etat. Le 24 janvier 2022, des militaires réunis au sein du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MSRP) chassent le président Roch Marc Christian Kaboré et prennent le pouvoir. Mais tout comme au Mali, le colonel-colonel Paul Henri Damiba mis à la tête de la transition, est plus tard évincé du pouvoir le septembre 2022. Il est remplacé par le jeune capitaine Ibrahim Traoré après un coup d’Etat. C’est le deuxième qu’enregistre le Burkina Faso en neuf mois.

Le général Tiani et le CNSP au pouvoir au Niger

Le Niger est le quatrième pays à être touché par la série de coup d’Etat. Dans ce pays sahélien de la zone ouest africaine, l’initiative de renverser le président Mohamed Bazoum est partie de la garde présidentielle. Le 26 juillet 2023, alors que tout le monde s’y attendait le moins, les militaires de ce corps d’élite de l’armée nigérienne se sont révoltés contre leur patron. La suite, on la connaît. Soutenus par toute l’armée, ils créent le Comité national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), retiennent le président déchu et sa famille et mettent en place une transition. Un nouvel ordre qui est jusque-là contesté et contre qui un recours à la force est annoncé par la CEDEAO. C’est le cinquième coup d’Etat dans l’espace francophone du continent africain.

Le Gabon aussi touché

Hors des frontières de l’Afrique de l’ouest, un cinquième pays de l’espace francophone vient d’être lui aussi touché par un coup d’Etat. Il s’agit du Gabon en Afrique centrale. Ce mercredi 30 août 2023, des militaires annoncent la fin du régime Ali Bongo. Réunis au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions gabonaises (CTRI), ils se sont présentés comme les nouveaux maîtres du pays. Cette action des militaires intervient au lendemain de la publication des résultats des élections générales. Des résultats jugés ‘’frauduleux’’ qui donnaient Ali Bongo, le président sortant, vainqueur.

Ce coup est le sixième enregistré en l’espace de trois ans, dans cinq pays de la zone francophone de l’Afrique.

Richard Yasseu