La diva de la musique ivoirienne, Aïcha Koné, se met à dos des ivoiriens après la sortie, le lundi 12 septembre 2022, d’un single pour rendre hommage au colonel Assimi Goïta. La toile ivoirienne s’enflamme.
Magnifier le colonel Assimi Goita, son ‘’héros’’. C’est le sens du single « Dignes fils d’Afrique » de Aicha Koné sorti depuis le lundi 12 septembre 2022. C’est une œuvre discographique offerte aux mélomanes dans un contexte de tension entre la Côte d’Ivoire son pays et le Mali. Abidjan et Bamako ne sont plus en odeur de sainteté depuis le 10 juillet 2022 du fait la détention de 46 militaires ivoiriens par les autorités maliennes qui les accusent de mercenariat.
Déjà, cette sortie de musique ne plaît pas à tous. La diva de la musique ivoirienne est vouée aux gémonies sur la toile.
« Djénéba Seck du Mali avait dit dans une de ses chansons que quand une vieille personne ne connaît pas sa place, les enfants la mettent à sa place. Respecte ton âge », critique un internaute. « Elle aurait dû se taire », renchérit un autre. Et un autre d’ajouter « Nous attendons qu’elle soit arrêtée aussi pour atteinte à l’honorabilité du pays et entente avec l’ennemi ».
Les commentaires vont bon train selon les inspirations des uns et des autres. Mais tous, dans le sens de la condamnation de l’artiste chanteuse.
Critiquée, l’ancienne protégée de l’arrangeur Boncana Maiga a tenu à s’expliquer.
« On ne peut pas plaire à tout le monde. Moi je pense que le combat que mène aujourd’hui Assimi Goïta n’est pas celui du Mali seul. Et je crois que nous allons nous en rendre compte plus tard. Il est sur la voie de continuer un combat mené par nos devanciers pour la liberté de l’Afrique. Si nous disons que nous sommes panafricains, nous devons comprendre les choses dans ce sens. Moi, je suis une artiste chanteuse et je soutiens Assimi parce que c’est un panafricain. Même si je ne suis pas du Mali, je pense que c’est un combat collectif. Si le Mali sort vainqueur de ce combat, nous aurons tous la victoire », confie Aïcha Koné à un média malien.
Des explications qui n’ont pas convaincu ses compatriotes. L’artiste du coupé décalé Debordo Leekunfa en premier.
« Quelqu’un qui prend en otage des pères de familles, enfants des gens, en plus, tes frères ivoiriens. Même si tu n’aimes pas le dirigeant actuel, tu ne peux pas te permettre de faire les éloges. Et même chanter pour Assimi Goïta. Dis-moi maman Aicha Koné, c’est quel artiste malien, tu as vu en train de chanter pour le président Ado ? Même pour demander la libération de nos soldats publiquement, personne n’a pu le faire, aucun artiste malien ! », écrit-il sur sa page Facebook.
Le soutien de Roger Banchi
Mais la diva de la musique ivoirienne n’est pas seule à porter un regard différent sur le chef de la transition malienne. Depuis son lieu d’exil, Roger Banchi est venu à sa rescousse. L’ancien proche de Guillaume Soro, s’est dit ému par le courage de Aïcha Koné.
Elle « ne se bat pas contre quelqu’un… que les néo-gardes ‘’floko’’ de l’heure restent tranquilles. Le temps qui les a balayés avec les premières indépendances, les balayera assurément avec les deuxièmes indépendances, dont la marche est invincible. Le temps est invincible ! », écrit Roger Banchi sur Twitter.
La tension entre Abidjan et Bamako née de cette affaire des militaires ivoiriens détenus au Mali, a aussi jeté un froid dans le milieu artistique entre les deux pays. Des artistes ivoiriens ou maliens ont même vu leurs concerts annulés tant en Côte d’Ivoire qu’au Mali.
Tristan Sahi