Affaibli depuis son accident cardiovasculaire survenu en octobre 2018 et acculé par l’opposition gabonaise sur son état de santé, Ali Bongo Ondimba multipliait les brèves apparitions publiques ces dernières semaines, comme pour faire taire les rumeurs persistantes. C’est la première fois que le président gabonais retrouvera ses homologues de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEECA). Le sommet extraordinaire s’ouvrira ce mercredi 18 décembre à Libreville. À l’ordre du jour : la réforme institutionnelle de l’organe créé depuis 36 ans déjà.
Créée en 1983, la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale compte onze Etats membres : L’Angola, le Burundi, le Cameroun, la Centrafrique, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Rwanda, Sao Tomé-et-Principe et le Tchad. Avec pour objectif l’instauration d’un marché commun, les leaders des Etats membres s’étaient entretenus lors d’un sommet au Tchad, en 2015, au sujet de la réforme de l’organe qui peine à se concrétiser et accuse un sérieux retard comparé à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou encore à la Communauté de développement de l’Afrique Australe (SADC). Ce mercredi 18 décembre, il sera question de prolonger la réflexion amorcée en 2015. Les leaders des pays membres examineront « les projets relatifs au cadre organique de la CEECA, le règlement financier, le statut du personnel ou encore l’insertion du Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX) au sein de l’architecture institutionnelle de la CEEAC » explique Xinhua News. Le tout sous l’égide d’Ali Bongo Ondimba, mandaté par ses homologues en 2015.
Selon le ministre gabonais des Affaires étrangères Alain Claude Bilie-By-Nzé, cette conférence marque le grand retour d’Ali Bongo. « Oui, c’est son retour sur la scène diplomatique internationale » a déclaré ce lundi le chef de la diplomatie gabonaise. Par ailleurs, six dirigeants ont confirmé leur présence. Les ministres des affaires étrangères des Etats membres se sont réunis hier dans la capitale gabonaise en prélude au sommet.
Les langues affairées décrivent déjà le sommet extraordinaire comme l’occasion, pour Ali Bongo, d’effectuer un retour en force sur la scène diplomatique, après de longs mois de convalescence durant lesquels le président gabonais a essuyé une tentative de coup d’Etat. En effet, Brice Laccruche Alihanga, ancien homme fort de la Présidence gabonaise et plus proche collaborateur d’Ali Bongo, avait entamé en son absence une « tournée républicaine ». Mais le malheureux a été évincé et inculpé pour détournement de fonds publics dans le cadre de la vaste opération anticorruption « Scorpion », lancée par son mentor dès son retour de convalescence. Un grand nettoyage au sommet de l’Etat gabonais s’en est suivi, entraînant la chute de plusieurs ministres et fonctionnaires haut-placés.
Manuela Pokossy-Coulibaly