Focus sur l’un des moyens les plus efficaces de préserver la santé des bébés. Le ton est ainsi donné à la semaine mondiale de l’allaitement maternel qui se tient du 1er au 7 août 2023. Le thème retenu cette année, « allaitement et travail, c’est possible ». Quelles options pour ces mères allaitantes qui ont également des responsabilités professionnelles ? Témoignages.
Maeva Amani est journaliste reporter d’images dans une chaîne de télévision de la place et mère d’un bébé de six mois. Depuis trois mois, date de sa reprise de service, une routine s’est imposée à cette passionnée de journalisme très active, mais contrainte de combiner vie professionnelle et rôle de maman nourrice.
Ce mardi matin comme il est de coutume, elle prend le chemin du travail laissant sa petite fille à la crèche située dans la commune de Cocody-Angré à Abidjan. À 7info, elle révèle que son équilibre socio-professionnel réside dans l’organisation.
« J’ai fait le choix de l’allaitement mixte »
« Personnellement, j’ai fait le choix de l’allaitement mixte. En semaine, je me réveille à 4 heures chaque matin. Je prends ma douche et je donne le bain à mon bébé. Ensuite, je l’allaite au maximum de sorte à ce qu’elle soit bien rassasiée. Par la suite, je me prépare pour le boulot et elle également, je la prépare vu que je la dépose à la crèche. C’est seulement après l’avoir confiée aux assistantes que je peux sereinement aller vaquer à mes occupations professionnelles. Je précise que durant toute la journée, elle prend le biberon au lait artificiel. Le soir, lorsque je suis de retour du boulot, elle peut de nouveau prendre le sein. Les week-ends, c’est la tétée. Et j’avoue qu’on y va à fond parce que ce sont également des moments de rapprochement et de câlins entre nous », nous confie Maeva.
Selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’allaitement exclusif d’un bébé se pratique dès la naissance jusqu’à six mois. À partir du sixième mois, l’introduction d’autres aliments intervient pour la diversification tout en poursuivant l’allaitement jusqu’à deux ans.
Une pratique qui a bien des avantages, nous révèle Docteur Oké Ruth, un médecin-pédiatre.
« L’allaitement maternel est très important à la fois pour le bébé et la maman. Il répond aux besoins nutritionnels de l’enfant, favorise la relation mère-enfant, se digère facilement, protège le bébé contre les infections et certaines maladies. Pour la mère, il n’engendre aucun coût. Il est facile à réaliser, la protège également contre certaines maladies telles que le cancer du sein et lui permet d’espacer les naissances », a-t-elle précisé.
L’allaitement exclusif, une autre option
Une recommandation que Lucette Aka, étudiante en master 2 de droit privé à l’Université Félix Houphouët-Boigny, épouse, même si elle n’est pas encore mère.
« Honnêtement, moi, je vais opter pour l’allaitement exclusif. Le matin, avant d’aller au travail, je vais allaiter mon bébé tout en prenant soin de recueillir mon lait grâce à un tire-lait. Il pourra le consommer tout au long de la journée pendant mon absence. À mon retour le soir, il pourra également profiter de sa tétée. Au moins, j’ai la garantie qu’il sera toujours en bonne santé », confie Lucette.
Malheureusement, faire le choix de l’allaitement exclusif est un luxe que ne peuvent s’offrir toutes les femmes travailleuses en Côte d’Ivoire. Cela au regard du temps de congés post accouchement, mais également aux conditions qui accompagnent la maternité.
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La loi et la maternité
Selon l’article 23.5 de la loi n°95/15 du 12 janvier 1995 portant code du travail, « A l’occasion de son accouchement, et sans que cette interruption de service puisse être considérée comme une cause de rupture du contrat, toute femme a le droit de suspendre son travail pendant quatorze semaines consécutives, dont huit semaines postérieures à la délivrance ; cette suspension peut être prolongée de trois semaines en cas de maladie dûment constatée et résultant de la grossesse ou des couches. Si l’accouchement a lieu avant la date présumée, la période de suspension du contrat de travail est prolongée jusqu’à épuisement des quatorze semaines sans préjudice de la prolongation prévue à l’alinéa précédent ».
Le thème de l’édition 2023 de la semaine mondiale de l’allaitement est donc à propos en ce sens qu’il offre une occasion stratégique de défendre les droits essentiels à la maternité qui soutiennent l’allaitement maternel. Notamment, un congé de maternité d’au moins dix-huit semaines, idéalement plus de 6 mois, et des mesures d’adaptation en milieu de travail après cette date. Des questions d’une extrême urgence, pour faire en sorte que les femmes puissent allaiter aussi longtemps qu’elles le souhaitent.
Selon l’OMS, plus d’un demi-milliard de femmes qui travaillent ne bénéficient pas des dispositions de base relatives à la maternité et beaucoup d’autres se retrouvent sans soutien lorsqu’elles retournent au travail.
Maria Kessé