Les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et du Niger se sont réunis ce jeudi 30 novembre 2033 à Bamako. Les trois pays qui viennent de créer l’alliance des États du Sahel (AES) planchent, selon un communiqué de la partie malienne, sur « l’adoption des protocoles additionnels ».
Selon le texte, il s’agit des « organes [institutionnels et juridiques, NDLR] à mettre en place » et sur « la définition de mesures politiques et de coordination diplomatique ». De quoi faire de l’AES une organisation régionale jouant sur tous les tableaux.
Il faut rappeler que le Mali, le Niger et le Burkina sont suspendus des instances de la CEDEAO, depuis leurs coups d’État militaires respectifs. Ils en sont toujours membres mais ne participent plus aux prises de décision. Cette situation devrait perdurer jusqu’à ce qu’ils organisent des élections et reviennent à l’ordre constitutionnel. Le Niger est de surcroît toujours frappé par des sanctions économiques de la CEDEAO contre lesquelles Niamey a initié une procédure judiciaire, dont la décision attendue ce jeudi a été repoussée.
Alternative à la CEDEAO
Dans ce contexte, l’ « opérationnalisation » en cours de l’Alliance des États du Sahel, la manière dont elle se dessine, ressemble à la création d’une alternative à la CEDEAO. On assiste à l’émergence d’une organisation régionale, sahélienne, plus restreinte, mais également plus conforme à la ligne des autorités actuelles de ces trois pays, qui affirment, pour résumer en substance les déclarations de leurs dirigeants, que la CEDEAO serait injuste, qu’elle ne comprendrait pas les intérêts des populations et qu’elle serait manipulée par la France.
Dans son discours d’introduction, ce jeudi, le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, a d’ailleurs martelé les objectifs des pays de l’AES : « l’émancipation totale, la souveraineté pleine et entière, et ne plus se voir imposer aucun diktat ».
Eugène Tristan SAHI