Il fallait s’y attendre. Depuis la fin de l’idylle entre le RDR au pouvoir et le PDCI, des alliances probables se dessinent. Le vieux parti cherche surtout à se positionner auprès du FPI, qui fait pourtant face à une crise interne depuis plusieurs années. Le retour de Simone Gbagbo sur la scène politique ivoirienne vient encore compliquer les calculs de Bédié. L’analyse des spécialistes.
C’est le week-end dernier qu’Affi N’guessan, président du Front Populaire Ivoirien (FPI), a été reçu en audience par Henri Konan Bédié, président du PDCI. Et selon ce dernier, « rien ne s’oppose à une alliance entre les deux partis pour les prochaines élections locales en Côte d’Ivoire » a-t-il déclaré à la presse. Une situation qui ne surprend pas dans une arène politique où le jeu politique est complètement relancé. Le PDCI en désaccord avec le parti RHDP unifié a déjà décidé d’aller seul aux prochaines élections locales. Henri Konan Bédié étudie donc la meilleure posture, car un faux pas, pourrait être fatal. Selon Geoffroy Kouao Julien, analyste politiste, le PDCI est dans son rôle.
« Affi N’Guessan a compris qu’il y avait un coup à jouer dans le désaccord entre le PDCI et le RDR. En fin stratège donc, il s’est approché de Bédié. Mais je pense que les contradictions au FPI vont se régler parce que ce n’est pas une guerre idéologique mais plutôt de leadership. Affi N’Guessan fait sienne, la théorie de la courbe du deuil. Rechercher un positionnement après avoir perdu les élections en 2010. Même si Madame Gbagbo est sortie de prison, rein ne change. Et le PDCI est dans sa logique. Trouver un meilleur allié pour 2020 et pour l’heure c’est Affi qui est dans la légalité. Tout ceci entre dans le jeu politique ivoirien et comme je le disais toute alliance est possible » affirme le politologue.
Pourtant depuis la crise post-électorale de 2011, le FPI de Laurent Gbagbo, est plongé dans une profonde crise. D’un côté Affi N’Guessan, qui estime être dans la légalité, et de l’autre Abou Drahamane Sangaré, qui lui, dit être dans la légitimité, se disputent la direction du parti. Une formation politique à deux têtes, qui représente pourtant, la majorité de l’opposition. Et pour ajouter à la crise, Simone Gbagbo, l’ex-première dame ivoirienne, a dès sa sortie de prison, pris fait et cause, pour Abou Drahamane Sangaré, encore appelé le gardien du temple. Que fera donc le PDCI ? Tenter une médiation pour réunifier le FPI ou choisir entre Affi et Sangaré ? Pour le Pr Dogbo Pierre, Directeur de l’école des sciences politiques de l’Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan Cocody, les ivoiriens doivent sortir des querelles de personnes et s’inscrire dans la paix durable, en choisissant le meilleur cheval pour 2020.
« Il y a eu une alliance FPI-RDR, après PDCI-RDR et maintenant PDCI-FPI. Tout ceci rentre dans le cadre normal de la vie politique ivoirienne. Les alliances se font et se défont. Mais le président Bédié a choisi le meilleur camp, celui de la légalité car jusqu’ici, aucune preuve matérielle ne prouve que les militants de Sangaré sont plus nombreux que ceux d’Affi N’Guessan. Gbagbo Laurent, Simone et Sangaré, font désormais partie du passé et cela, les ivoiriens doivent le savoir. Le FPI unifié, n’a même pas pu gagner les élections au premier tour en 2010, à plus forte raison. Il est donc temps de faire les alliances et Bédié a plutôt choisi la légalité » affirme l’universitaire avant d’inviter les ivoiriens à choisir leur candidat, non pas pour sa personne, mais pour le projet de société qu’il présente.
« Les ivoiriens sont fatigués des querelles et des réactions belliqueuses. Il faut arrêter d’être extrémiste et accepter que les choses, ont changé. On veut la paix et donc il faudra choisir le bon cheval pour 2020, à travers un projet de société fiable et non une personne qui viendra régler ses comptes » conclut-il.
Le PDCI essaie surtout de se repositionner sur la scène politique ivoirienne et se donner des chances pour 2020. Le parti fondé en 1946, n’a en effet jamais été autant ébranlé que lors de ces dernières semaines. La position de son président Henri Konan Bédié, sur le parti unifié divise. D’où la création du courant « Sur les traces d’Houphouët Boigny », de Kobenan Kouassi Adjoumani, cadre du PDCI et favorable au RHDP unifié. Avec lui, plusieurs cadres qui ont décidé de faire front à leur président et ont été éjectés du bureau politique. Ce sont donc deux partis en crise, qui se draguent. Les élections locales en Côte d’Ivoire sont prévues pour octobre prochain. Et elles pourraient déjà annoncer les couleurs de 2020.
Éric Coulibaly
Source; rédaction Poleafrique.info