Interviewé le jeudi 24 novembre par le confrère lemonde.fr, sur son projet de révision constitutionnel fortement contesté par l’opposition, le président guinéen Alpha Condé a confié que si la majorité des guinéens veut une nouvelle constitution, il se pliera à sa volonté.
«Le premier ministre vient de me remettre son rapport. Je déciderai. Si la grande majorité de la population veut une nouvelle Constitution, je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas. Nous sommes très portés sur notre indépendance et notre souveraineté depuis 1958. La démocratie, c’est la voix du peuple. Si une partie veut et une autre ne veut pas, on ira au référendum… Je n’ai pas de conviction, je ferai ce que le peuple guinéen veut », dit-il.
Ce même jour du 24 octobre, un million de manifestants selon les organisateurs, manifestaient contre « la présidence à vie », du président Alpha Condé.
Le chef de l’Etat guinéen dit ne pas comprendre l’attitude de certains de ses concitoyens qui s’opposent au projet de changement constitutionnel. Selon l’ancien militant de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France (FEANF), son pays n’est pas le premier où des président après avoir changé la constitution ont pu faire un troisième mandat.
«N’y a-t-il pas d’autres pays où il y a de nouvelles Constitutions ? Où les présidents peuvent faire un troisième mandat ? Pourquoi ne dit-on rien aux autres ? Est-ce que la Guinée est le seul où un président en exercice fait une nouvelle Constitution qui peut lui permettre de se représenter ? Pourquoi en fait-on un scandale pour la Guinée ? On ne peut pas faire deux poids, deux mesures. Les Guinéens n’accepteront jamais cela. Nous ne sommes pas sur la planète Mars mais sur la terre africaine. Je me suis d’abord consacré à sortir la Guinée du trou. Mais s’il y a un grand courant qui demande une nouvelle Constitution… Dans les autres pays où il y a de nouvelles Constitutions, il y a eu beaucoup de manifestations, il y a eu des morts, mais ils l’ont fait… Il peut se passer des choses beaucoup plus graves dans le monde et on ne dit rien. Mais dès que c’est ici on dit : Ah ! Ça, c’est la Guinée », s’exclame-t-il.
Quant aux manifestants tués, le président Condé accuse formellement les opposants d’être les assassins.
«Le ministère de la santé a décidé que dès qu’il y a un mort, il faut qu’il y ait une autopsie pour savoir qui a tiré. On fait des enquêtes. On sait que ce sont eux-mêmes [les organisateurs des manifestations] qui tirent sur les gens. Quand il y a des morts, ça impressionne la communauté internationale. Là, ce sont des tentatives de déstabilisation d’un pouvoir démocratiquement élu. L’opposition a toujours été putschiste et elle se dit que s’il y a des morts, on met ça sur le dos du gouvernement », accuse-t-il.
Arnaud Houssou
7info.ci