La pilule passe mal. La nouvelle de la suppression de l’année préparatoire en sciences médicales n’est pas du goût de certains acteurs de ce système. La décision pourrait réduire l’égalité des chances d’accès à ce secteur d’activité, disent-ils.
Le mercredi 2 août 2023, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique annonçait la suppression du tronc commun médecine-pharmacie-odonto-stomatologie, lors des journées d’orientation du bachelier (JOB) 2023. Objectif de la tutelle, réduire le nombre d’échecs trop souvent élevé lors du concours devant sanctionner l’année préparatoire.
La décision ne fait pas l’unanimité dans le milieu estudiantin.
« Il est arrivé de voir des bacheliers qui avaient les meilleures moyennes venir échouer lors de l’année préparatoire. Pour dire que le tronc commun c’est un étau qui filtre véritablement les plus méritants mais pas seulement au plan académique. Il y a d’autres paramètres qui sont pris en compte. Je suis contre cette décision du ministère parce qu’elle vient biaiser plusieurs aspects qui donnaient cette crédibilité à la formation des futurs professionnels de la santé », se désole Yao Yassoua Junior, un étudiant en faculté de médecine au micro de 7info.
Un avis partagé du côté des médecins internes. Selon le secrétaire général du syndicat des internes de Côte d’Ivoire, le tronc commun à donner une certaine notoriété aux médecins ivoiriens.
« Le tronc commun c’est un concours d’excellence et on n’a pas à supprimer ce concours qui a placé les cadres de santé ivoiriens à un niveau où plusieurs personnes viennent se faire former en Côte d’Ivoire. On voit même les résultats de ces enseignants qui sortent de ce moule, qui vont au CAMES et sont toujours parmi les meilleurs. En plus, le tronc commun apprend à l’étudiant comment bosser en médecine, à gérer la pression et le stress. Quand tu sors de là, c’est rare que tu reprennes encore des années parce que ça te forme », souligne Docteur Koya Gauthier.
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Miehi Ange Delphin est médecin au Centre hospitalier universitaire de Cocody. Au regard de cette décision qu’il ne partage pas d’ailleurs, il fait des propositions.
« Pratiquer les sciences de la santé c’est une volonté personnelle et non un forcing. Donc je ne suis pas d’accord avec la décision de supprimer le tronc commun. On peut augmenter le quota pour permettre à beaucoup plus d’étudiants de pouvoir venir faire les sciences de la santé. Les sciences de la santé c’est au total 365 places dont 300 places en médecine, 50 en pharmacie et 15 en odonto-stomatologie », souhaite ce dernier.
Suite à l’annonce du ministre de l’Enseignement supérieur de supprimer l’année préparatoire en médecine, c’est désormais un peu plus de 600 étudiants qui seront admis dès la première année en médecine, pharmacie et odonto-stomatologie.
Pour la prochaine rentrée universitaire, les bacheliers seront orientés par ordre de mérite en tenant compte de la capacité d’accueil de chaque faculté.
Ainsi, l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody propose 200 places disponibles en pharmacie, 300 places disponibles en médecine et 50 places en odonto-stomatologie. Du côté de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, ce sont 250 places qui seront mises à la disposition des nouveaux bacheliers.
Maria Kessé