Le mercredi 26 février, une équipe de 7info s’est rendue à Biankouma pour rencontrer la chefferie traditionnelle et les allogènes afin de mieux comprendre les raisons de la tuerie suivie d’actes de vengeance, survenus à Kabacouma. Est-ce un ressortissant burkinabè qui a commis ces actes répréhensibles ? Pour avoir réponse à la question, nous sommes reçus par la communauté burkinabè qui se dit indignée par les accusations dont elle est objet.
<<Celui qui a tué n’est pas de notre communauté. Il est ivoirien et il est Lobi » précise un des porte-voix de la communauté burkinabè à Biankouma.
Et de révéler que <<Le mardi, nous avons un frère qui quittait Louléba pour se rendre à Blagouin. Jusque-là, nous n’avons aucune nouvelle de lui. Le même jour, entre 7h et 8h nous l’avions eu une fois et toutes les autres fois il n’a pas décroché le téléphone jusqu’à ce que le téléphone ne passe plus. Nous avons appris que son vélo est au village là-bas mais lui est invisible. Nous sommes certains que notre frère a été tué. Nous demandons simplement qu’on nous remette son corps si vraiment tel est le cas. Si c’est aussi le contraire qu’on nous le remette » plaide-t-il.
« Nous n’avons aucune intention de nous venger de qui que ce soit. Tout ce que nous demandons aux autorités, c’est d’intervenir auprès des parents de Kabacouma pour que notre parent soit retrouvé mort ou vivant>>, précise-t-il.
Cet interlocuteur qui a bien voulu s’ouvrir à 7info, dénonce le lynchage dont sa communauté est l’objet. « Sur les réseaux sociaux, nous sommes traités de tous les noms d’oiseaux. Les gens sont assis derrière leurs téléphones portables et tirent des conclusions hâtives. Ce n’est pas bon pour la cohésion entre nous et nos tuteurs>>, se désole ce responsable.
Kabacouma, village natal de feu le Général Robert Guéï connaît des troubles depuis le lundi 24 février 2020. Un individu pour des raisons pas encore connues a tailladé quatre membres d’une famille, tuant deux et blessant grièvement deux autres. Après quoi, le meurtrier s’est donné la mort par pendaison dans son campement.
Très tôt, des langues ont incriminé des allogènes burkinabè d’être à la base de cette tuerie. Le village de Kabacouma s’est mis sur le pied de guerre, a cassé et incendié maisons et église des allogènes. Dans la matinée du mardi 25 février, les autorités administratives et politiques, prenant la mesure des dégâts humains et les représailles de la population, se sont rendues dans le village de Kabacouma, afin de ramener les uns et les autres au calme.
Après la communauté burkinabè, 7info se rend à Kabacouma, mais à la gare de taxi, nous en sommes dissuadés par un jeune. <<Grand frère, je ne vais pas vous mentir. Ne partez pas à Kabacouma, les tensions sont encore vives. On ne sait jamais. Ne risquez pas votre vie. C’est vrai que les corps habillés sont au village là-bas mais cela ne garantit rien. Demain, des cadres viendront, il est préférable que vous attendez leur arrivée pour y aller>>, nous conseille notre interlocuteur. Dans notre quête d’avoir des informations sur cette menace, nous essayons de rentrer en contact avec le chef du village de Kabacouma, mais en vain. Les autorités administratives, quant à elles disent avoir rendu compte à leur hiérarchie. Pas question de dire un mot de plus à la presse pour le moment. En attendant l’arrivée imminente des cadres et une délégation ministérielle, la population vit la peur au ventre.
Olivier Dan Correspondant Ouest envoyé spécial à Biankouma
7info.ci