Les ivoiriens attendent toujours des réponses aux questions qu’ils se posent sur les causes de la survenue des inondations meurtrières à Abidjan.
Ce mercredi 27 juin, a lieu la levée de corps de Konaté Mamadou dit Delmas, Administrateur à l’Assemblée Nationale, tué par les flots de la pluie tombée drue sur la capitale économique ivoirienne dans la nuit du 18 au 19 juin dernier. Au total, 18 victimes mortes recensées à Abidjan.
Le conseil national de sécurité qui s’est réuni dès le retour au pays du Chef de l’Etat a ordonné la destruction de toutes les entraves à la bonne circulation de l’eau de pluie. A la rue ministre de la palmeraie, des travaux de dégagement ont donc été lancés dès le samedi 23 juin.
138 familles sont à ce jour recensées comme indigentes et ont besoin de secours. Un véritable drame que le groupe parlementaire RDR (parti présidentiel) n’entend pas laisser sans compte.
Le 25 juin dernier, Mamadou Diawara, le président du groupe parlementaire RDR a rendu public, les intentions des députés de ce groupe parlementaire.
« Face à ce drame national, il est de notre pleine responsabilité, en tant que Représentants de la nation, de nous poser des questions, quant aux causes de ces récurrentes inondations et d’en dégager les responsabilités afin d’y trouver des solutions pérennes » a indiqué Mamadou Diawara au nom de ses pairs proches du RDR.
Comment y parvenir ? « C’est pourquoi, le Groupe parlementaire RDR demande la création d’une commission d’enquête parlementaire à l’effet de comprendre les causes réelles de la récurrence des inondations sur l’ensemble du territoire national aux fins de proposer des mesures tant législatives que réglementaires à prendre » répond le Groupe parlementaire par la voix de son président.
Poursuivant, Mamadou Diawara a annoncé que « Le Groupe parlementaire RDR initiera, par la même occasion, une question orale avec débat avec le Ministre de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme, afin de permettre à nos concitoyens de mieux comprendre ces phénomènes et de s’approprier les directives sécuritaires en pareille situation » tempèrent les députés du RDR.
Revient-il au ministre Claude Isaac Dé d’expliquer ces phénomènes et les « directives sécuritaires en pareille situation ? »
Geoffroy-Kouao Julien, politologue, estime que « C’est bien que le groupe parlementaire convoque un ministre pour répondre aux questions d’utilité publique. Cela montre la bonne collaboration entre l’Assemblée Nationale et le gouvernement, telle que le recommande la Constitution ivoirienne. » Mais, très vite, relativise la portée de l’action politique à venir. « Cependant, cette action n’aura aucune portée politique parce que l’Assemblée nationale n’a aucun moyen de pression sur un ministre de la République. Il viendra s’expliquer, répondra aux questions qui relèvent de sa compétence, puis c’est tout. Rien de plus. Ce qui est dommage, car si nous étions dans un régime parlementaire, les choses seraient différentes et les députés auraient la possibilité de faire pression sur le gouvernement pour la démission de certains de ses membres. Mais ce n’est pas le cas. En tout état de fait, je pense que c’est le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, qui devait répondre de l’action de son gouvernement. C’est plutôt lui qu’il faut inviter et non un de ses ministres en pareille situation » recommande-t-il.
Pour Dr Kouakou Albert Yao, Sociologue, enseignant-chercheur à l’Université Lorougnon Guédé, « Le problème de la Côte d’Ivoire ne réside en la tenue ou non de débat autour de telle ou telle question ou problématique de développement. Notre problème réside dans le laxisme total. »
Et de s’interroger : « Que faisons-nous face à l’indiscipline totale de tous? Que faisons-nous pour faire appliquer les lois, les mesures et dispositions que nous prenons? Dieu seul sait combien nous en avons prise! Prenons pour exemple dans le domaine de la construction, la limitation des cautions de loyers: lorsque le gouvernement fixe cela à 4 mois, en réalité, cela veut dire 5 mois à payer (dont 2 mois de caution, + 2 mois d’avance + 1 mois de frais d’agence) pour celui qui cherche à se loger » fait-il savoir.
« Au-delà de cela, quelle est l’applicabilité de cette loi? L’idéal ne serait-il pas de faire baisser le coût du matériel de construction afin que chacun puisse faire sa petite cabane? L’idéal loin d’être xénophobes, ne serait-il pas de remettre le commerce du bois (planche, chevron et tous le bois utilisé pour la construction des maisons, les quincailleries en bâtiment) aux mains des ivoiriens pour réduire le chômage et freiner la fuite des capitaux parce que ceux qui détiennent ces secteurs et biens d’autres encore n’investissent pas en Côte d’Ivoire pourtant ils utilisent les matières premières ivoiriennes pour s’enrichir? » pose-t-il le débat.
Le sociologue indique que « les ivoiriens attendent des mesures vigoureuses pour la libération des emprises de l’eau afin d’éviter d’autres inondations. Ils attendent le suivi des mesures prises, l’équité dans l’exécution des mesures prises. »
Pour finir, Dr Kouakou Albert Yao soutient qu’ « il nous faut revoir notre politique d’urbanisation qui foule au pied les principes de la nature mais aussi notre politique de logement. »
Avec les conséquences fâcheuses causées par cette pluie du 18 au 19 juin, les ivoiriens ont des questions auxquelles ils attendent des réponses et surtout des sanctions.
Adam’s Régis SOUAGA
Source : rédaction PôleAfrique.info