International

Après les sanctions mutuelles, jusqu’où iront la CEDEAO et le Mali ?

Mis à jour le 10 janvier 2022
Publié le 10/01/2022 à 6:15 , , ,

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a pris des sanctions “très dures“ contre le Mali. La junte militaire a apporté la réplique. Elle a annoncé la fermeture de toutes ses représentations diplomatiques dans l’espace sous-régional. Désormais, c’est le bras de fer ! Mais jusqu’où ce durcissement de ton de part et d’autre pourrait-il aller.

 

Le bras de fer est engagé. La junte militaire ne va pas plier face aux injonctions de la CEDEAO. La transition se poursuivra jusqu’en décembre 2026, comme le souhaitent les autorités de Bamako. Pas question d’aller aux élections avant quatre ans. Une décision considérée comme un manquement à l’engagement pris par les militaires, d’organiser les élections présidentielles et législatives le 27 février 2022. Lesquels scrutins devraient permettre le retour des civils à la tête du pays.

Réunis à Accra le dimanche 9 janvier 2022, les dirigeants de la CEDEAO ont décidé de fermer les frontières avec le Mali au sein de l’espace sous-régional et de suspendre les échanges commerciaux autres que les produits de première nécessité. Couper les aides financières et  geler les avoirs du Mali à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Des sanctions qui seront levées progressivement lorsque les dirigeants maliens présenteront un calendrier électoral “acceptable“.

LIRE AUSSI : Mali: La CEDEAO lève les sanctions imposées après le coup d’Etat militaire

Les autorités maliennes ont à leur tour aussi condamné ces sanctions jugées “illégales et illégitimes“. Elles accusent les membres de la CEDEAO d’être “instrumentalisés“ par “des puissances extra régionales ». Le porte-parole du gouvernement Abdoulaye Idrissa Maïga a annoncé la fermeture des frontières aériennes et terrestres avec les pays membres de la CEDEAO.

Jusqu’où ira la CEDEAO ?

Que va faire la CEDEAO après les sanctions ? Une question que se posent bon nombre d’observateurs de la scène politique ouest-africaine. Selon Boga Sako Gervais, président de la Fondation pour les droits de l’homme et la vie politique (FIDHOP), l’organisation sous-régionale dans la résolution de la crise malienne n’a pas apporté les solutions idoines.

« Ces dix dernières années, l’Afrique de l’Ouest a été confrontée à de grandes crises majeures dont la Côte d’Ivoire par exemple. La CEDEAO n’a jamais su trouver de bonnes solutions pour régler les crises qui se sont succédé. Il n’y a qu’à regarder pour s’en rendre compte, les mesures qui sont prises au lieu de trouver des moyens pour accompagner les dirigeants. Qu’est-ce que la CEDEAO fait ? À la vérité, elle continue dans le schéma qui est le tien. Celui de protéger le club des dirigeants contre les populations. La CEDEAO durcit le ton pour protéger les autres dirigeants pour éviter que ce qui s’est passé au Mali serve de leçon à d’autres pays », a-t-il analysé pour 7info.

LIRE AUSSI : Mercenaires ou instructeurs militaires, qui sont ces Russes qui s’apprêtent à débarquer au Mali ?

Pour Yves-Martial Kouakou, docteur en science politique, si la junte militaire à renvoyer aux calendes grecques les joutes électorales, c’est à cause des contrats signés avec les mercenaires russes de Wagner.

« Si le colonel Assimi Goïta et ses compagnons ont renoncé à leur engagement d’organiser les élections en février 2022, c’est parce qu’ils comptent sur la présence militaire russe. Avec le soutien de la Russie, la junte compte reconquérir tout le territoire national. Les colonels de Bamako sont déterminés à aller jusqu’au bout et rien ne leur fera changer d’avis », a-t-il soutenu. Poursuivant, il a expliqué que la CEDEAO pourrait intervenir militairement pour rétablir l’ordre constitutionnel comme ce fut le cas à la fin des années 90 en Sierra Leone.

« Si la situation débouche sur une crise, il y a lieu de craindre une intervention militaire des troupes de l’ECOMOG (armée de la CEDEAO) pour le déloger du Palais de Koulouba. Le colonel Assimi Goïta pourrait connaître le même destin que celui du commandant Johnny Paul Koroma, du Conseil révolutionnaire des forces armées de la Sierra Leone. Après avoir défié à plusieurs reprises, la CEDEAO, le 10 mars 1998, il a été chassé du pouvoir par l’ECOMOG. Recherché par la justice internationale, il a fini ses jours au Liberia ».

7info.ci_logo

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter 7info

L’INFO, VU DE CÔTE D’IVOIRE