Dans sa mission pour l’assainissement du cadre de vie, Anne Désirée Ouloto ministre ivoirien de la Salubrité, de l’Environnement et du Développement durable, fait face à de nombreux obstacles qui rendent difficile la tâche à elle confiée. En conférence de presse ce vendredi 1er juin à son cabinet, elle en a révélé quelques-uns.
Ces obstacles selon elle, ont principalement pour nom « incivisme », « mauvaises habitudes » et « mauvais comportements ». Face à la presse ce vendredi, la première responsable de la salubrité en Côte d’Ivoire n’est pas allé du dos de la cuillère pour non seulement dénoncer les pratiques qui nuisent à l’environnement, mais aussi pour sensibiliser la population.
Selon le ministre de la Salubrité, de l’Environnement et du Développement durable, la population elle-même est en cause dans l’insalubrité au niveau de son pays. Anne Ouloto cite à titre d’exemple la recolonisation des sites déguerpis, qui se font du fait de l’inaction des citoyens riverains.
« Ces sites qui sont recolonisés le sont dans les quartiers, les communes. Quelqu’un bouche un caniveau, fait du remblai pour y bâtir un kiosque. Pour libérer cet ouvrage, ce caniveau qu’il a remblayé, nous allons procéder au déguerpissement. Le caniveau est curé aux frais du contribuable. Tout est mis à niveau. Un an plus tard, vous retrouver la même personne ou quelqu’un d’autre. Un an plus tard vous demandez au ministère d’aller refaire le même exercice. Toujours aux frais du contribuable et aux frais de l’Etat. C’est une interpellation pour nous tous… par-dessus tout, on dira le pauvre monsieur qui se débrouille avec son kiosque pour nourrir sa famille, maman Buldozer est revenue pour le mettre à la rue, affamer ses enfants, son épouse. Mais pendant qu’on nous accuse d’affamer sa famille, il rend la population malade. Parce que quand le caniveau est bouché, en saison des pluies, ce sont des inondations. Des nids de moustiques et le paludisme pour tous. A cause d’une famille qu’il faut protéger, il peut rendre 1000 personnes », explique-t-elle.
Anne Ouloto atteste aussi, qu’il y a recolonisation des sites parce que les acteurs se sentent protégés. « Pour ce qui est des lavages de voitures, quand vous demandez comment ont-ils fait pour ouvrir ce lavage de voiture, ils vont présenter un papier qu’ils appellent ODP (Occupation du domaine public, document délivré par les mairies). Ils ont des ODP », dénoncent le ministre. Pour elle donc, tout le monde est en faute. Aussi, appelle-t-elle à un changement de comportment. « Que chacun soit le gendarme et le policier de l’autre. La saleté n’est pas une fatalité. Ce n’est pas parce qu’on est pauvre, qu’il faut vivre dans la saleté. Nous devons nous mobiliser et agir ensemble », exhorte le ministre.
La quinzaine nationale de l’environnement 2018 lancée
Cette rencontre avec la presse avait surtout pour but de procéder au lancement de la quinzaine nationale de la salubrité, de l’environnement et du développement durable (QNSEDD 2018), qui se tient du 1er au 17 juin. Pour cette année, le thème retenu est « la Côte d’Ivoire, terre promise, sans déchets plastiques et sans pollution ». La quinzaine nationale de l’environnement est inspirée d’une volonté de la communauté internationale de célébrer chaque année des journées importantes en faveur de l’environnement.
Selon Anne Ouloto, l’environnement mondial se dégrade chaque jour davantage du fait des comportements des humains. Nonobstant, les nombreuses alertes de la communauté internationale, au travers des Accords Environnementaux Multilatéraux, poursuit-elle, la planète terre continue de souffrir des impacts négatifs des activités humaines. « Depuis le rapport « Halte à la Croissance » en 1970, tirant la sonnette d’alarme sur l’épuisement des ressources naturelles avec ses conséquences sur l’équilibre de la vie sur terre, le Sommet de la Terre de Rio+20 en 2012, l’adoption des Objectifs du Développement Durable en 2015, l’Accord de Paris sur la Climat en 2015, les alertes n’ont pas suffi à conduire l’humanité vers un changement de comportement responsable vis-à-vis de la nature », s’inquiète le ministre ivoirien.
Elle ajoute citant l’OMS qu’environ 25% de la charge mondiale de morbidité est imputable à des facteurs de risque liés à l’environnement. Et que le continent africain est le plus touché avec 2,4 millions, soit 23% de 25% ; essentiellement les enfants.
La quinzaine nationale de l’environnement se déroulera autour de trois grandes journées. Ce sont la Journée Mondiale de l’Environnement (JME) le 05 juin, la Journée Mondiale des Océans (JMO) le 08 juin, et de la Journée Mondiale de Lutte contre la Désertification et la Sècheresse (JMLDS) le 17 juin.
« Cette Quinzaine, est une opportunité pour le Ministère dont j’ai la charge, de mobiliser tout le corps social, autour de la protection de l’environnement et de l’amélioration de la qualité du cadre de vie », conclut Anne Ouloto, qui appelle la participation de la population ivoirienne.
Source : rédaction Poleafrique.info