Accusé de propagande dans sa communication, le Burkina Faso a décidé de suspendre le journal Le Monde évoquant un « article tendancieux » publié vendredi dans le média à propos de l’attaque djihadiste du dimanche sur la ville de Djibo dans le nord du pays. Les autorités et les islamistes armés revendiquent chacun la victoire.
Le ministre de la communication évoque un « article tendancieux » publié vendredi sur le site du « Monde » au sujet d’une attaque djihadiste sanglante qui a frappé une base militaire dans le nord du pays.
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« Le gouvernement a décidé en toute responsabilité de la suspension de tous les supports de diffusion du journal Le Monde au Burkina Faso à compter de ce samedi 2 décembre 2023 », signe un communiqué publié samedi soir par le porte-parole du gouvernement et ministre de la communication, Jean Emmanuel Ouédraogo.
Ce dernier évoque un « article tendancieux » publié vendredi sur le site Internet du Monde, et intitulé « Au Burkina Faso, la guerre de propagande fait rage après l’attaque djihadiste sur Djibo ».
A peine un an après avoir pris le pouvoir en renversant un autre putschiste, le capitaine Traoré a engagé une offensive militaire sur le terrain contre les islamistes armés, mais surtout sur le terrain de la communication, lit-on dans l’article.
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« A chaque attaque d’envergure, la junte maximise les pertes infligées à l’adversaire et minimise ou cache celle de ses soldats pour protéger son pouvoir », dénonce une source sécuritaire burkinabè, sous couvert d’anonymat. « Le lendemain de l’attaque, les habitants de Djibo ont passé toute la journée à enterrer des morts, mais personne au gouvernement n’en parle », dit-elle encore. Un humanitaire travaillant dans le nord du pays évoque « de nombreux cadavres de civils, empilés à la morgue et à l’hôpital » de cette ville, soumise depuis février 2022 à un blocus djihadiste. Plusieurs sources locales affirment par ailleurs que des dizaines de civils ont été tués par des frappes aériennes de l’armée en représailles à l’attaque. Contacté, le gouvernement n’a pas répondu aux sollicitations du Monde, rapporte le journal.
Selon Le Monde, s’intéresser de trop près aux opérations militaires au Burkina Faso est devenu dangereux.
« Selon nos informations, deux militants, connus sur les réseaux sociaux pour leurs publications dérangeantes envers le pouvoir burkinabé, ont été interpellés ces derniers jours. Des sources sécuritaires craignent qu’ils aient été arrêtés pour être envoyés au front. Un mois plus tôt, au moins une douzaine de journalistes, d’acteurs de la société civile et d’opposants s’étaient vu « notifier par écrit ou par téléphone (…) qu’ils seraient réquisitionnés pour participer à des opérations de sécurité », comme l’avait révélé l’ONG Human Rights Watch le 8 novembre.
Eugène Tristan SAHI