Trois attaques en moins d’un an. La Côte d’Ivoire est la cible des djihadistes dans le Sahel. Après le Mali, le Burkina Faso et le Niger, la nébuleuse tente de s’installer en Côte d’Ivoire. Selon un spécialiste des questions de sécurité joint par 7info, ces attaques répondent à une logique stratégique des terroristes.
Quelles sont les raisons qui poussent les djihadistes à attaquer la Côte d’Ivoire ? Après avoir réussi une première incursion en mars 2016 causant plusieurs morts sur la cité balnéaire de Grand-Bassam, les terroristes remettent le couvert en juin 2020, puis en mars 2021. Le poste frontalier de Kafolo, dans le nord du pays, a été la cible d’une double attaque. La localité de Tehini, dans la région du Bounkani, a aussi essuyé une attaque.
Selon Kipré Paul, spécialiste des questions sécuritaires joint par 7info, les terroristes veulent s’installer en Côte d’Ivoire dans le but de contrôler toute la sous-région.
« Il faut prendre en compte le poids de la Côte d’Ivoire dans la sous-région ouest-africaine. Si la Côte d’Ivoire tombe, c’est toute l’Afrique de l’Ouest qui tombe. Le terrorisme se limitait uniquement à la zone des trois frontières, Mali, Burkina, Niger. Ces pays sont harcelés par la logique djihadiste. Le phénomène a commencé dans le nord avant de se propager dans ces pays. Regardez bien, c’est le nord de la Côte d’Ivoire qui est visé et je l’avais déjà dit, les terroristes bénéficient de soutien au plan local et donc ils ne sont pas du tout déculturalisés. Ils ont compris que nos forces ont des armes lourdes et des moyens de déplacement moins rapides. Eux, viennent donc à motos avec des armes légères et frappent », analyse le spécialiste.
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Selon lui, les djihadistes n’ayant aucun recul face à la mort tenteront tout pour s’installer dans la zone des deux frontières, Côte d’Ivoire-Burkina, après avoir créé l’instabilité dans la zone dite des trois frontières, Mali, Burkina, Niger. Mais pour l’heure, rassure-t-il, les forces armées ivoiriennes font face à la menace.
« Ils subissent un harcèlement de la part de l’armée burkinabè qui est toujours aux aguets. Ils sont donc à la recherche d’une nouvelle zone et malheureusement pour eux, l’armée ivoirienne riposte vigoureusement. Mais il faut prendre des mesures additionnelles afin d’éradiquer le phénomène dans nos régions. Avec l’orpaillage et l’agriculture clandestins, le terrorisme se territorialise et s’implante facilement. Les djihadistes recrutent sur place pour mettre à exécution leurs funestes desseins. Il est donc bien de les repousser aux frontières, mais il faut aussi les combattre de l’intérieur » propose l’universitaire.
Les services de renseignements français avaient prévenu que la Côte d’Ivoire et le Bénin étaient dans le viseur d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. Ces attaques simultanées dans la nuit du dimanche 28 au lundi 29 mars viennent confirmer la crainte des Ivoiriens.