Les députés Doh Simon et Thierry Tailly se sont rendus ce vendredi 16 mars dans les villages de Béoué-Zibiao et Diéouzon, en vue d’avoir le coeur net sur les malheureux événements qui ont perturbé la ville le lundi 12 et mardi 13 mars dernier.
Dans le village de Béoué-zibiao, où a eu lieu l’attaque contre le poste de contrôle de la gendarmerie et des Faci, la délégation des élus accompagnée du colonel Losséni Fofana a été priée de congédier les forces de l’ordre qui selon les garants de la tradition ont profané le sacré Wê
« Nous demandons aux forces de l’ordre de sortir de notre village afin que nous puissions discuter avec nos enfants venus d’Abidjan. Nous ne pouvons pas comprendre que le chef de l’Etat Alassane Ouattara, lui-même décide de réhabiliter nos enclos qui ont été profanés lors de la crise post-électorale et que des militaires viennent encore les profaner. Nous ne pouvons pas discuter avec des gens qui prennent leur tradition au sérieux et viennent profaner les nôtres », a indiqué le chef de Canton Zibiao Goué Patrice.
Une jeune dame porteuse de masque que PôleAfrique.info a interrogé s’indigne de ce qui s’est passé le soir du mardi 13 mars 2018. « Le barrage qui a été attaqué se trouve dans notre village. Il nous protège. Celui qui est tombé lors de cette attaque ne vient pas de notre village, en plus. Je comprends mal que les gens pensent que nous étions en train de nous organiser dans un camp de masques pour aller attaquer la gendarmerie. Non, c est archi-faux », fait savoir Bah Viviane, fille de Béoué-Zibiao. Poursuivant, elle nous éclaire davantage: « J’ai perdu ma petite-sœur qui est porteuse de masque aussi. Chez nous en pays Wê, quand un porteur de masque meurt, il faut faire des rituels pour que l’esprit désigne celui ou celle qui doit hériter de ce lourd bagage. C’est donc ce rituel qui peut même faire plus d’une semaine que nous étions en train de faire, quand nous avons reçu la visite des militaires. Ils se sont introduits dans l’enclos et ont commencé à frapper et à tirer. On parle de tirs de dissuasion. Je dis c’est faux car ils ont réellement tiré sur les gens et certains sont internés dans les hôpitaux. Jusque-là, je me demande bien ce qui s’est passé pour que nous soyons pris pour cible », s’interroge-t-elle.
Le colonel Losséni Fofana fouetté dans son orgueil a menacé de partir avec le sous-préfet qui lui aussi est représentant de l’Etat. Après moult tractations, aucune voie de dialogue n’a pu être trouvée.
Vu la tension qui montait le sous-préfet de Béoué-Zibiao, Ballo-Bi Léger a décidé de la suspension de la rencontre en attendant de trouver une date quand les esprits se seront calmés.
Après Béoué-Zibiao, le cap est mis sur Diéouzon a quelques dix kilomètres de là. Après avoir écouté les parents, le député Doh Simon a demandé aux jeunes qui sont le moteur du développement de mettre fin à tout ce qui n’honore pas la région. « Je voudrais dire aux jeunes du grand Zibiao que c’est le temps de la paix, il faut que nous dialoguons avec les forces de défense et de sécurité désormais. Que l’esprit de dialogue s’installe entre eux et nous pour qu’il y ait un apaisement durable. La Côte d’Ivoire a pris le chemin de la paix et du développement. Nous avons pris du retard. Nous avons été meurtris par cette crise. Que ce soit les Wê, baoulé, malinké et tous ceux que nous avons reçus ici nous avons tous pris du retard », a fustigé l’ex-Dga de la Sotra. Il a promis s’adresser aux autorités pour que réparation du préjudice soit faite. » J’appelle à l’apaisement. Nous allons nous adresser au gouvernement, aux autorités de l’armée pour que réparation soit faute du préjudice que nous avons subi. Mais en même temps, les jeunes qui sont le moteur du développement doivent prendre le devant pour que nous puissions réussir le grand projet que nous voulons pour cette vaste région », a insisté Simon Doh.
A l’Etat ivoirien l’honorable Doh Simon a réaffirmé l’engagement du peuple Wê à la reconstruction du pays Non sans le respect du sacré Wê. » Le pays Wê est prêt à s’engager dans la reconstruction du pays. Mais, en même temps, nous tenons à ce que les fondements de notre culture soient respectés par tout le monde y compris les éléments armés de ce pays », a-t-il martelé. Et de poursuivre: » Nous avons fait de grands pas, il ne faudrait pas que des éléments incontrôlés de part et d’autre freinent notre élan vers la paix. Nous demandons que les barrages illégaux soient levés parce que cela crée une tension entre les jeunes gens et l’armée. Le président de la République l’a dit, la guerre est finie. Nous voulons que la gendarmerie prenne le pas et qu’elle assure la mission de proximité, d’écoute et de renforcement de la relation de confiance avec la population et que cela nous permette d’aller définitivement vers la paix« , a conclu Simon Doh.
Jean Olivier DAN (Correspondant région Ouest)
Source: rédaction PôleAfrique.info