Que cache le départ de BNP Paribas ? Le premier groupe bancaire français se désengage peu à peu de l’Afrique. Il a déjà cédé ses actifs dans plusieurs pays, notamment au Gabon, Mali, Guinée, Burkina Faso et en Tunisie. La Côte d’Ivoire et le Sénégal seraient les prochains sur la liste.
« La stratégie de BNP Paribas en Afrique vise à accélérer le recentrage de ses activités et à continuer à se renforcer lorsque les caractéristiques de marché correspondent bien à ses forces et aux conditions souhaitées en termes de développement et de maîtrise des risques », expliquait le groupe dans un communiqué.
Une sortie pour justifier son retrait progressif de plusieurs pays du continent. Le groupe a même tenu à préciser qu’il ne s’agit pas du tout d’un désengagement. « Mais nous avons une stratégie de plus en plus ciblée, et nous adaptons en permanence notre dispositif à la configuration du marché et aux besoins des clients » fait savoir un responsable du groupe.
Mais une autre raison pourrait expliquer ce départ précipité du groupe français du continent. BNP Paribas se retire simplement des marchés déficitaires qui l’empêchent de mener à bien ses activités. Le groupe n’a pas échoué sur le continent, loin de là. C’est une stratégie de repositionnement, analyse Landry Kouamo, banquier et spécialiste des questions financières.
« C’est juste une stratégie. Le groupe a fait face ces dernières années à des sanctions financières principalement aux États Unis.; sanctions qui ciblaient principalement son dispositif de conformité et de lutte anti blanchiment. Cet état de fait l’a conduit à renforcer ses pratiques en la matière au sein de ces filiales. A contrario, c’est le business qui empathie, la banque a du se retirer d’un certain nombre de marchés et de secteurs d’activités, jugés sensibles. Le retrait du groupe de certains marchés africains, est donc la résultante d’une analyse stratégique. Quel intérêt de maintenir sa position sur les marchés africains quand on sait leur faible niveau de régulation, et leurs relatives expositions aux pratiques de corruption ? C’est donc par principe de précaution que le groupe se retire de la plupart de ces filiales africaines, afin de se recentrer sur des marchés plus favorables à sa ligne directrice » révèle l’économiste.
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Au Mali et au Gabon, le coefficient d’exploitation atteignait respectivement 62 % et 68 % en 2015 (derniers chiffres disponibles). En Tunisie, il était de 62,7 % en 2017. Le recul observé sur ces marchés reste inférieur aux objectifs du plan stratégique 2016-2020 de BNP, qui est de réduire ce taux moyen à moins de 58 %. Des résultats qui ont motivé la décision de la banque.
« BNP ne part pas parce que la banque se porte mal et que les chiffres sont bas, mais se retirer de certains business qui risquent de mourir sur le long terme. Quel intérêt aujourd’hui de rester sur le marché africain quand on connait toutes les défaillances réglementaires, le niveau de la corruption et les niveaux d’exposition des tiers donc ils se disent c’est mieux pour nous de partir. Ils n’ont aucun intérêt à partir de Côte d’Ivoire, mais l’idée principale, c’est vraiment de partir de certains marchés mineurs. Est-ce qu’il faut rester aujourd’hui au Togo et au Bénin dont les activités sont déficitaires ? Mais ce n’est pas le cas d’Abidjan qui permet de combler les autres gaps. Sur ce point, ils sont encore en réflexion » assure Landry Kouamo.
Le départ du groupe français de la Côte d’Ivoire et du Sénégal n’est donc pas encore acté. Les responsables sont toujours en réflexion.