Côte d’Ivoire

Bin-Houyé- Opération vengeance, le marché détruit, les autorités sur le terrain

Mis à jour le 3 avril 2019
Publié le 02/04/2019 à 9:46 , ,

Bin-Houyé, ville située à l’extrême ouest de la Côte d’Ivoire dans le département de Zouan-Hounien, a connu une nuit du dimanche 30 mars au lundi 1er avril des événements tragiques. Un accident mortel a soulevé le courroux des populations qui ont mis à sac le marché de ladite localité avant de l’incendier.

Il est 14 heures 36 minutes quand nous arrivons à Bin-Houyé. À l’entrée de la ville, avant même le corridor sur l’axe Bin-Houyé- Zouan-Hounien, un véhicule de type Kia, entièrement calciné est en bordure de la route. Le feu et la fumée de même que des articles aux alentours montrent la fureur des manifestants. Quelques 300 mètres après avoir échangé avec des corps habillés en poste à ce corridor, nous voici au marché. Aux alentours du marché, une forte présence d’hommes en tenue de Man est visible. Ils sont dans la ville depuis la nuit et ont pu arracher aux pillards quelques articles. 
 
Le marché de la commune de Bin-Houyé est parti en fumée pour la quasi-totalité des magasins et des étals. À l’entrée du marché une moto est couchée dans ses cendres.  Quelques mètres plus loin, un domicile privé pillé et incendié, en plus d’un véhicule de type Kia. Sur les ruines, des enfants de propriétaires de magasins et certains profiteurs récupèrent des articles plus ou moins endommagés.  
 
Les dégâts matériels sont importants. Le marché n’existe plus. Deux véhicules de types Kia et une moto entièrement brûlés. Un domicile privé  vandalisé et incendié par les pillards. 
 
Un mort (l’accidenté), une blessée grave qui aurait reçu des coups de machette et reçu des balles de calibre 12 et deux blessés légers.
 
Touré Abdoulaye, opérateur économique à Bin-Houyé, revient sur les faits. <<Nous étions là quand nous avons vu des jeunes venus de Goulaleu s’attaquer à la ville. Ce que nous avons appris, c’est qu’il y a eu un accident qui a coûté la vie à celui qui était à moto. La boutique que vous voyez qui est toujours en feu appartient à mon oncle. Pour un accident, venir détruire les biens des gens de la sorte, c’est grave. Ils ont ramassé tous dans les magasins avant de mettre le feu. C’est vraiment difficile mais on s’en remet à Dieu>>, explique Abdoulaye Touré.
 
Sanou Léon est le responsable de la permanence du député Danin Magloire qui en son nom a mené aux côtés des autres cadres et élus des démarches pour le retour de la quiétude. << Nous avons eu à assister à ce qui s’est passé, à ces scènes horribles. Nous déplorons ce qui s’est passé. Un accident de la voie publique qui est fait chaque jour, si chaque famille devait se venger de la sorte, où serait le monde. Venir détruire un marché qui ravitaille tout le monde, incendier un domicile et des biens privés, ce n’est pas une bonne image de notre population>>, se désole-t-il. 
 
Médiation de cadres et élus
 
Si le pire a été évité sur le plan humain, c’est en grande partie grâce aux cadres et élus.  <<Nous avons appelé les uns et les autres au calme. Nous avons mené des actions de cohésion sociale la même nuit en rencontrant tous les responsables communautaires. N’eut été toutes ces démarches et interventions, ce serait un carnage ici à Bin-Houyé et à Goulaleu>>, soutient Sanou Léon.  Le maire de la commune de Bin-Houyé, André Meman Narcisse accompagné du préfet du département, du maire de Zouan-Hounien et le vice-président du conseil régional du Tonkpi et d’autres cadres sont aussi sur le terrain.
 
Après une rencontre avec les différentes communautés de la ville de Bin-Houyé, le cap est mis sur Goulaleu pour le même exercice émaillé du message de paix et de retour au calme et à la retenue.  Pour apaiser pour de vrai les ardeurs, une visite est faite aux parents du défunt dans le village de Dohoupleu. Sur place, c’est une famille inconsolable. Le décédé, laisse derrière lui une veuve et huit enfants. <<Il nous  fallait absolument arriver ici pour dire la comparaison de l’État ivoirien à la famille éplorée. Nous sommes venus leur demander de prendre de la hauteur, en ne tombant pas dans la vengeance. Les autorités que nous sommes, sommes là pour régler les problèmes quand ils sont posés. On ne doit pas se faire justice>>, a recommandé la délégation conduite par le préfet par intérim de Zouan-Hounien, Guiba Koné
 
La population rencontrée, se dit abandonnée à elle-même au regard de  la proximité avec le Liberia.  <<Nous sommes à quelques encablures du Liberia. Un pays qui a connu la crise comme nous. Une ville frontalière comme Bin-Houyé devait avoir au moins un poste de police et une brigade de gendarmerie. Quand il y a une crise, les gens doivent venir de Man, Daloa où Toulepleu. Avant qu’ils n’arrivent, les gens auront fini de se tuer ou tout piller comme ce à quoi nous venons d’assister. Il n’y a aucune sécurité à Bin-Houyé. Depuis 1989, on vit des situations de crises ici à Bin-Houyé. Cela n’honore pas notre pays. On veut une Côte d’Ivoire nouvelle et non une Côte d’Ivoire rebelle>>, a souhaité Abdoulaye Touré.
 
<<Je demande aux jeunes de ne plus s’en prendre aux gens. Qu’ils apprennent à ne pas se rendre justice. Nous avons tout initié, le calme est revenu. Nous allons œuvrer pour maintenir ce calme>>, a soutenu le maire de Bin-Houyé, Meman Narcisse.
 
Au moment où nous quittons, la ville de Bin-Houyé, les populations sortaient un peu de leurs domiciles pour se retrouver dans les rues. 
 
Olivier Dan, envoyé spécial à Bin-Houyé
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