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Boxe anglaise : Pourquoi la Côte d’Ivoire n’arrive-t-elle plus à produire des champions ?

Mis à jour le 31 octobre 2023
Publié le 31/10/2023 à 8:00 , , , , , ,

L’ancien champion de MMA, Francis NGannou a mis l’Afrique à ses pieds après son combat contre Tyson Fury, une performance qui retentit en Côte d’Ivoire.

Oly Yves Roland dit « Oly la machine », champion ivoirien de Muay thaï, a été désigné par des internautes pour relever un nouveau défi face à Tyson Fury, après la défaite de Francis NGannou en boxe anglaise samedi. Mais est-ce possible dans les faits ?

Car au-delà de la performance du Camerounais, ancien champion de MMA, c’est la question de l’avenir de la discipline qui se pose avec acuité. Pourquoi la Côte d’Ivoire n’arrive-t-elle plus à offrir des champions nationaux capables de rivaliser avec les meilleurs à l’international ?

Pourtant cette discipline dite mineure a bien une fédération. Selon Jhimmy Traoré, promoteur du « Choc des titans » gala international de boxe organisé chaque année en Côte d’Ivoire, la boxe anglaise n’a pas de mécène.

« Souvenez-vous en 1974, lorsque le président du Zaïre Mobutu Sese Seko, avait réussi à organiser le combat entre Mohamed Ali et George Foreman, dans son pays. Les regards du monde entier étaient tournés vers l’Afrique. Idem pour le président Félix Houphouët Boigny à l’époque, qui n’hésitait pas à faire venir des champions en Côte d’Ivoire. Mais depuis sa mort, plus rien. Quand par faute de moyens, vous n’arrivez pas à organiser des compétitions encore moins à payer les athlètes, comment voulez-vous que les jeunes s’intéressent à ce sport ? » interroge-t-il.

Il y a de cela quelques mois, les images de l’ancien champion d’Afrique N’Gou Augustin, l’homme qui incarnait la terreur dans le milieu de la boxe africaine selon ses adversaires, étaient relayées sur la toile. On y voyait un champion, vieux, amaigri et malade. Il s’est retranché dans son village par faute de moyens après avoir dominé l’Afrique.

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Un autre boxeur amateur devenu fonctionnaire d’État, a aussi partagé son histoire. Cras Vince, raconte qu’il a renoncé à la boxe après une blessure.

« Moi j’ai arrêté la compétition quand après une chute sur l’épaule, je me suis débrouillé pour me soigner seul. Depuis je conseille à mes élèves de faire sport études pour avoir une porte de sortie honorable nonobstant les vicissitudes » préconise-t-il.

Les compétitions de boxe se font rares en Côte d’Ivoire. La discipline n’a pas de saison régulière. Les boxeurs sont obligés d’attendre de longs mois pour décrocher un combat. Et les initiatives isolées telles que le « Choc des titans », organisé aux forceps pourraient disparaître dans le temps si les problèmes financiers ne sont pas résolus. .

« Nous sommes aujourd’hui à la 4e édition et chaque année, nous réussissons à relever le défi grâce à des personnes de bonne volonté. Il y a de l’engouement autour de la boxe en Côte d’Ivoire mais aucun moyen pour accompagner les jeunes. Même la fédération a du mal à nous accompagner. Il suffit simplement de mettre une cagnotte de 5 millions FCFA par exemple sur un combat et vous verrez les gens s’intéresser à la discipline. Tout est question de volonté et pour l’heure, ce n’est pas le cas en Côte d’Ivoire » confie Jhimmy Traoré, le promoteur.

A la fédération ivoirienne de boxe, on enfile certes les gangs sur le ring mais aussi dans les bureaux. Empêtrée dans une crise depuis plus de 10 ans, l’instance sportive a du mal à jouer son rôle, celui d’aider à l’organisation de compétitions professionnelles. Une situation qui éloigne les potentiels sponsors.

Paul Kouamé, boxeur professionnel, a dû trouver d’autres sources de revenus en dehors de la boxe pour joindre les deux bouts. Membre de la fédération depuis quelques années, il ne cache pas son amertume face à cette situation déplorable.

« Ils sont dans des querelles de personnes depuis plusieurs années et rien ne marche. Même lorsqu’un président fait tout pour s’installer à la tête de la fédération, il n’a aucune vision. Voici le vrai problème de la boxe en Côte d’Ivoire. Les athlètes sont abandonnés à leurs sorts et les compétitions sont inexistantes. Moi par exemple, je suis champion de Côte d’Ivoire dans ma catégorie mais la dernière fois que j’ai boxé, c’était en décembre 2022. Vous imaginez un peu. Je vais reporter les gangs en décembre prochain à l’occasion d’un gala organisé par un promoteur privé. Si la fédération elle-même est divisée, comment la discipline pourra-t-elle avancer ? C’est le vrai problème » a révélé Paul Kouamé, boxeur et membre de la Fédération ivoirienne de boxe (FIB)

La lumière n’est pas encore au bout du chemin. La boxe en Côte d’Ivoire connaît des jours sombres et pourtant ses adeptes se comptent par milliers.

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