Réunis à Accra le jeudi 3 février 2022, pour évoquer le putsch contre le président Roch Kaboré, les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont abstenus de sanctionner à nouveau le Burkina Faso. En revanche, ils attendent un calendrier précis de la durée de la transition à mettre en place.
L’organisation sous-régionale attend un chronogramme précis des militaires burkinabé, comme le stipule son communiqué : « Nous allons rapidement demander aux autorités burkinabè de proposer un calendrier clair et rapide pour un retour à l’ordre constitutionnel ». En clair, la CEDEAO veut un retour rapide des militaires en caserne, ce qui sous-entend l’organisation d’élections.
L’une des priorités affichées, pourtant par le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, est la lutte contre la prolifération des groupes djihadistes dans la partie nord du pays. Au Burkina Faso, en outre des voix s’élèvent au sein de la société pour demander le départ des troupes françaises engagées aux côtés de l’armée, au profit des mercenaires russes comme c’est le cas au Mali voisin.
Le chef de la junte pourra-t-il satisfaire à la fois le peuple et la CEDEAO ? Pas évident, selon Séka Léon, doctorant en Sciences politiques à l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan Cocody.
« L’adresse à la nation du lieutenant-colonel Damiba, se veut claire. Il établira un calendrier après avoir écouté les forces vives de la nation burkinabè. Ce qui veut dire qu’il fera comme Assimi Goïta du Mali et Mamadi Doumbouya de la Guinée. Il va d’abord entendre les populations qui vont exprimer leurs propositions avant d’établir un calendrier de sortie de crise. Il a dit clairement qu’il veut aller au rythme des Burkinabé et non de la CEDEAO », analyse-t-il pour 7info.
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Au cas où la junte militaire tarde à présenter un calendrier « clair et rapide pour un retour à l’ordre constitutionnel », elle s’exposera naturellement à des sanctions sévères de la part de la CEDEAO, comme ce fut le cas du Mali. D’après Séka Léon, les sanctions de l’organisation sous-régionale envers les nouveaux pouvoirs kaki font l’effet d’un coup d’épée dans l’eau.
« Il y a des risques que Damiba et ses compagnons se mettent à dos la CEDEAO. Mais les sanctions de la CEDEAO se sont montrées inefficaces. Le 9 janvier, elle a sévèrement sanctionné le Mali et quelques jours après, il y a eu un coup d’État au Burkina Faso. Donc les sanctions de la CEDEAO n’effraient plus personne », soutient l’universitaire.
La date pour les consultations nationales n’est pas fixée. La junte pour l’heure procède à des nominations, comme pour implanter son pouvoir.