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Burkina, Mali : CEDEAO et juntes parlent-elles le même langage ?

Mis à jour le 4 avril 2022
Publié le 30/03/2022 à 3:46 , ,
Burkina, Mali : CEDEAO et juntes parlent-elles le même langage ?

Parvenir à faire respecter ses recommandations aux militaires au pouvoir au Mali et au Burkina Faso, c’est le souhait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Mais l’exercice butte sur des positions presque tranchées des actuelles autorités maliennes et burkinabé.

Les chefs d’État de la CEDEAO n’ont pas changé de décision à cet effet. Tout comme début janvier, le vendredi 25 mars 2022, ils insistent sur une réduction au maximum de la durée de la transition au Mali. L’organisation sous-régionale réitère également ses sanctions contre la junte malienne, avec l’espoir que cette recommandation soit respectée. En face, les militaires sont peu enclins à suivre la position de la CEDEAO. Si le colonel Assimi Goita et ses amis ont revu à la baisse la durée de la transition proposée dès leur arrivée – de 05 ans à 02 ans – ils semblent déterminés à aller jusqu’au bout.

Idem au Burkina Faso où le lieutenant-colonel Damiba et ses amis entendent rester pendant trois ans au pouvoir.

La CEDEAO et les juntes militaires parlent-elles le même langage ? Non, estiment des observateurs. C’est aussi ce que pense Seidick Abba, un journaliste-écrivain et analyste des questions africaines. « Il faut distinguer les différents cas. Concernant le Mali, la CEDEAO a décidé de maintenir ses sanctions prises le 9 janvier parce qu’elle estime qu’il n’y a pas d’accord entre elle et la junte malienne sur le calendrier de transition. La CEDEAO propose 12 à 16 mois maximum alors que la junte malienne a dit qu’elle maintient 24 mois incompressibles, donc qu’elle ne peut pas reculer », analyse-t-il pour 7info.

S’agissant du Burkina Faso, la CEDEAO, fait savoir Seidick Abba, demande un calendrier de transition beaucoup plus précis, là où on sait que la charte et les assises organisées par les militaires ont décidé que la transition dure trente-six mois. La CEDEAO a refusé et veut une autre date.

Au Mali, les militaires sont au pouvoir depuis 2020 à la suite de deux coups d’État, dont celui qui a renversé feu le président Ibrahim Boubacar Kéita. Le Burkina Faso est quant à lui dirigé par des militaires depuis le coup perpétré contre le président Roch Marc Christian Kaboré en janvier 2022. Dans l’un et l’autre de ces deux pays, il n’est pas question pour la CEDEAO que les militaires durent au pouvoir.

 

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Mais parviendra-t-elle à s’accorder avec les nouveaux hommes forts de Bamako et de Ouagadougou ? Seidick Abba y croit. « Il est possible que chacun fasse un pas. Que la junte malienne descende au-dessous des 24 mois et que la CEDEAO accepte d’aller au-delà des 16 mois. Ce qui pourrait amener à un compromis entre 18 mois et 20 mois. Ce sont des possibilités. Je pense donc que tant que le dialogue se poursuit entre la CEDEAO et la junte malienne, il y a une possibilité de trouver un accord. On part de très loin. Il faut rappeler qu’au début, la junte a dit qu’elle avait besoin de quatre ans. Après on est passé à trois ans et aujourd’hui on parle de deux ans. Il y a des progrès qui sont faits. La CEDEAO avait dit que c’est maximum douze mois, maintenant elle a changé d’avis et parle de seize mois. Les positions évoluent donc. Il y a donc une possibilité de compromis », analyse l’expert des questions africaines.

Il est aussi optimiste sur la situation au Burkina Faso. Selon lui, les discussions vont se poursuivre et des signes indiquent un lendemain meilleur. « La CEDEAO a promis de nommer un médiateur comme pour le Mali. Et ce médiateur va discuter avec le Burkina Faso. Pour ce pays, il y a une possibilité de trouver un compromis, parce que jusqu’ici, si vous remarquez, les militaires burkinabés n’ont pas voulu entrer dans une confrontation avec la CEDEAO. Chaque fois qu’une délégation est arrivée à Ouagadougou, ils ont autorisé la délégation à aller voir l’ancien président Kaboré. Ce qui est nouveau c’est l’ultimatum. La CEDEAO dit qu’au 25 avril il faut que la junte libère le président Kaboré, ce qui n’est pas impossible. Elle exige aussi un compromis d’ici le 25 avril. Les discussions vont se faire. Il y aura des avancées et un compromis va se dégager entre les différentes positions », analyse Seidick Abba.

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