Le prix bord champ a subi une chute que n’a pu entrevoir et juguler le Conseil café-cacao. De 1100 F/Kg, le prix bord a connu une décote de 400 F pour se situer après des efforts consentis par le gouvernement, à 700 F/Kg. Le système a besoin d’idées novatrices. Un signal.
Depuis des mois, des milliers de tonnes de fèves de cacao s’accumulent sur les quais des ports ivoiriens ou encore dans les entrepôts des
producteurs. Un blocage dû au ralentissement de la commercialisation du produit. Et ce, en lien avec la chute des cours sur le marché
international pour ne citer que cela. Face à la situation qui prévaut dans le secteur cacao, le Chef de l’Etat Alassane Ouattara a invité
les acteurs de la filière « à rechercher des solutions innovantes qui peuvent permettre de ne plus être passif dans le système.»
« Nous sommes le premier producteur de cacao, pays de référence, il n’y a pas de raison que nous subissions le marché» a indiqué Lambert Kouassi Konan aux acteurs de la filière cacao. Le conseil café-cacao recherche des solutions au système de commercialisation du produit. Et les acteurs de la filière en proposent.
« Que l’Etat prenne en charge le cacao en l’achetant dans nos mains. Qu’il mette en place un système où il se charge de tout. Avec les magasins régionaux, l’Etat pourra faire partir le cacao et tout gérer. Avec le bénéfice qui revient à la caisse de l’Etat, certains projets de développement pourront être réalisés » propose Théodore Koffi Yao, PCA d’une coopérative agricole de Duékoué, à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. « Avec cette politique, chaque jour à son prix et cela permettra aux producteurs d’évacuer leurs produits à tout moment. Nous sommes nombreux à le préconiser » justifie-t-il. L’identification et la création de comptes bancaires pour tous les producteurs de Côte d’Ivoire voilà ce que préconise Roland Marcel Angahi, en vue de la bancarisation de la vente du cacao. « Tant que le produit s’achètera au bord champ et que l’acheteur ira devant le producteur avec du cash, il sera difficile de respecter le prix fixé par le conseil café-cacao(…) la bancarisation sera une grosse manne financière pour l’Etat» explique le directeur de l’Union des Coopératives de l’Ouest. « Pour moi, l’un des problèmes de la filière est l’autosuffisance financière des acteurs, des coopératives. Aujourd’hui les exportateurs font la pluie et le beau temps. Ils sont en amont et en aval de la chaîne de commercialisation. Ce sont eux qui financent les intermédiaires que sont les coopérateurs, les coopératives et les acheteurs et ce sont eux qui rachètent le produit. De telle sorte que, quand la situation ne les arrange pas, ils ne financent pas l’achat brousse du produit. Etant donné que le collège des opérateurs économiques que sont les coopératives n’a pas de soutien de l’Etat il est difficile de sortir le produit de la brousse. Comme solution, il faut trouver un mécanisme de financement des acteurs crédibles » invite-t-il. Avoir une politique de prudence vis-à-vis des cours sur le marché international, c’est à cela qu’invite Maxime Sako, consultant en gestion économique, pour éviter de subir les fluctuations des cours. « Il faut arrêter de jouer avec le feu en attendant à chaque fois que les prix grimpent, c’est un jeu dangereux auquel nous avons perdu. La fluctuation des cours peuvent être entrevus entre le minima et le maxima. Il est bien évident que le maxima se trouve dans une zone beaucoup moins stable que celle du minima du fait de la forte pression exercée sur la demande. Il serait donc plus prudent de vendre notre stock avant que l’offre n’atteigne des valeurs historiques » recommande t-il. Le fonds de réserve logé à la BCEAO visant à couvrir les risques liés à la commercialisation du café-cacao fait « aussi partie des solutions au système» a indiqué Maxime Sako. Des solutions qui ne devraient pas rester lettre morte au Conseil Café Cacao qui invite toujours les acteurs à mener des pistes de réflexion. Mais, une chose est de demander des réflexions et une autre est de les prendre en compte et de les appliquer. Ceux qui vivent directement du cacao, sont les planteurs, courbés sous le soleil, loin des bureaux climatisés d’Abidjan mais qui, au final, s’en tirent avec des pertes. La dépense d’énergie n’a jamais été prise en compte dans la fixation du prix bord champ. A demander de nouvelles approches soulève la question de la réussite du plan Conseil Café-cacao qui est audité. Un aveu qui en dit long même si personne n’est indexée. Le système lui, a semble-t-il, montré son essoufflement et ses faiblesses.
Salimatou Dia
Source: Rédaction Politikafrique.info