Eco-business

Cacao, le Ghana et la Côte d’Ivoire attaquent les multinationales

Mis à jour le 3 décembre 2020
Publié le 03/12/2020 à 2:33 , , , ,

Le Ghana et la Côte d’Ivoire, grands producteurs de cacao (60% de la production mondiale) ont décidé de s’attaquer à des multinationales américaines du chocolat pour primes impayées.

Ces pays d’Afrique de l’Ouest accusent les entreprises agroalimentaires américaines, Mars et Hershey de ne pas vouloir payer une prime spéciale aux planteurs pour améliorer leurs revenus, alors que ceux-ci croupissent sous le poids de la misère. Dans un communiqué de presse, le Conseil Café Cacao (CCC) de Côte d’Ivoire et le Ghana Cocobod ont accusé ces deux multinationales américaines d’acheter le cacao sans toutefois payer le différentiel de revenu décent (DRD), une prime de 400 dollars par tonne de cacao (en sus du prix du marché) pour les planteurs, négociée en 2019.

Pour appuyer la décision du CCC et le Cocobod, structures en charge de la gestion de la filière cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana, il est prévenu des marches de planteurs de cacao dans ces pays, ce jeudi 3 décembre 2020.

La Côte d’Ivoire et le Ghana ont procédé à l’annulation de tous les programmes de certification de Hershey. Or, lesdits programmes constituent un important élément de communication auprès des consommateurs occidentaux, dans la mesure où ils respectent les critères de production éthiques (n’entraînant pas de déforestation ou ne recourant pas au travail des enfants).  L’annulation par la Côte d’Ivoire et le Ghana du schéma de durabilité ne semble pas selon un expert de la filière « la meilleure stratégie ».

« La stratégie du CCC et du Cocobod est axée sur la communication, c’est nouveau. Ils vont faire du bruit, la presse va s’en mêler, le rapport de force peut tourner en leur faveur, car les questions d’éthique sont devenues importantes pour les consommateurs occidentaux, donc pour les sociétés chocolatières et aussi pour les chaînes de distribution », analyse un trader.

Imposé aux multinationales par la Côte d’Ivoire et le Ghana, le DRD semble mal apprécié par certains industriels du chocolat qui estiment n’avoir rien reçu en échange.

 »L’an dernier, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont imposé le DRD à l’industrie sans rien donner en échange, comme des efforts pour une meilleure traçabilité par exemple. Si le bras de fer se durcit encore, qui va gagner ? C’est un jeu dangereux », soutient un trader.

D’après une étude de la Banque mondiale, plus de la moitié des planteurs de cacao en Côte d’Ivoire vivent sous le seuil de la pauvreté. Une situation qui s’apparente à celle du Ghana. Dans ce bras de fer entre multinationales et pays exportateurs de cacao, pour l’heure, il est difficile de dire qui va l’emporter.

Arnaud Houssou
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