La Côte d’Ivoire et l’Union européenne (UE) ont organisé une réunion de haut niveau sur la problématique du cacao durable, le vendredi 22 janvier dernier. Au cours de cette rencontre, Jobst von Kirchmann, ambassadeur de l’UE a fait savoir aux autorités ivoiriennes que des mesures visant à interdire certains produits agricoles issus de la déforestation notamment le cacao seront prises dans les mois à venir.
Avec deux millions de tonnes, soit 42% de la production mondiale, la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de fèves de cacao. Et, l’UE constitue son principal client. Jobst von Kirchmann, ambassadeur de l’UE en Côte d’Ivoire a révélé le vendredi 22 janvier qu’une réglementation visant à interdire l’entrée de certains produits à l’origine de la déforestation sur le sol européen entrera en vigueur l’été prochain.
« Il y a un règlement en préparation qui vise à interdire des produits qui contribuent concrètement à la déforestation. Il n’y a pas seulement le cacao, le maïs, l’huile de palme, l’anacarde, l’hévéa. Il y a une deuxième législation en préparation, contraignante pour le secteur privé, et qui vise à rendre obligatoire le devoir de vigilance, ce que l’on appelle en anglais le « Due Diligence », en matière des droits fondamentaux. Donc là, vous avez le travail des enfants et le travail décent. La Commission européenne va présenter cela en été 2021″, a-t-il fait savoir.
Du côté des autorités ivoiriennes, Patrick Achi, secrétaire d’État à la Présidence a expliqué que la transition pour répondre aux nouvelles exigences de l’UE est déjà engagée depuis plusieurs années.
Commercialisation du cacao perturbée
Hormis les questions de durabilités, le cacao ivoirien fait face à des problèmes au niveau de la commercialisation depuis plusieurs mois. Plus de 150.000 tonnes de cacao seraient entreposées dans les magasins. Une situation poussant les Associations des producteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire (ANAPROCI), le Syndicat national agricole pour le progrès en Côte d’Ivoire (SYNAPCI), et le Syndicat national des exploitants agricoles de Côte d’Ivoire (SYNEAGRI-CI), à une grève illimitée afin de protester contre le blocage des ventes de fèves de cacao et, ont exigé la démission du directeur général du Conseil café-cacao (CCC) Brahima Koné. La perturbation de la commercialisation est due au ralentissement de la demande, liée à la crise de la Covid-19 et aux difficultés des industriels à verser le différentiel de revenu décent 400$ (soit 200.000 FCFA) la tonne. À ces problèmes, s’ajoute le non-respect du prix bord-champ fixé à 1.000 FCFA.
« La Direction générale du Conseil du café-cacao rappelle à l’attention des producteurs et des opérateurs de la filière café-cacao que le prix minimum d’achat bord-champ fixé à 1.000 FCFA le kilogramme de cacao au titre de la campagne principal 2020/2021 allant du 1er octobre 2020 au 31 mars 2021, est un prix garanti. Aucun paiement en dessous de ce prix d’achat bord-champ garanti n’est autorisé durant toute la campagne principale. Les acheteurs de produits, les coopératives et les exportateurs sont invités à observer le strict respect du prix minimum garanti. Tout contrevenant à ces dispositions est passible de poursuites judiciaires », indique un communiqué publié le lundi 25 janvier 2021 par la Direction générale du CCC. Selon des spécialistes de la filière, sur les 500.000 tonnes, seulement 180.000 tonnes ont été vendues.
Arnaud Houssou
7info.ci