À l’époque, 1er producteur africain de café et 3e au plan mondial, la Côte d’Ivoire est désormais logée à la 3e place africaine derrière l’Éthiopie et l’Ouganda et à la 15e place au plan mondial dans la production du café. Au titre de la campagne 2021-2022, ce sont 1,470 million de sacs de 60 kg qui ont été produits sur les terres ivoiriennes.
Cette chute observée dans le classement résulte de plusieurs facteurs à la fois politiques, sociaux, économiques et environnementaux. Il s’agit, entre autres, des crises militaro-politiques, du choc de la libéralisation de la filière avec le plan d’ajustement des années 1990, et du réchauffement climatique. Mais également, la contrebande vers les pays voisins et l’émergence de plusieurs productions concurrentes, notamment le caoutchouc, la noix de cajou, l’hévéa, le coton, le palmier à huile.
En vue de relancer la caféiculture ivoirienne, le gouvernement a décidé de l’adoption d’une nouvelle stratégie portée par le Conseil Café-Cacao. Une stratégie qui s’appuie sur la combinaison production-transformation. En effet, peu de graines de café sont transformées en Côte d’Ivoire, vu que la quasi-totalité est exportée vers des pays tels que l’Italie, la France et l’Algérie. Seulement 6 500 tonnes sont torréfiées par de petits torréfacteurs locaux.
Selon des experts, la situation du café ivoirien peut être remise à niveau. Dr Denis Seudieu est chargé de la recherche du marché du café et des projets de développement de l’économie caféière à l’Organisation internationale du café à Londres. Il partage cet avis. « La transformation donne plus de valeur au café. Qu’elle soit locale et mondiale c’est un marché porteur pour la Côte d’Ivoire », dit-il à 7info dont il était l’invité à l’émission 7 ECO.
Pour la campagne 2021-2022, le prix bord-champ du kilogramme du café a été fixé à 700 FCFA par le Conseil Café-Cacao. Un prix qui a connu une baisse de 150 FCFA contrairement à la campagne précédente. Y a-t-il des chances de voir le prix du kilogramme du café normal grimpé jusqu’à 1000 FCFA ? L’expert ivoirien en économie caféière à bon espoir. « Ma recette c’est qu’il y ait deux marchés, un pour ceux qui exportent le café vert et un pour ceux qui transforment localement le café. La concurrence entre ces deux marchés sera profitable aux producteurs », recommande-t-il. Il a également pris en exemple l’Éthiopie dont 50% de la production est consommé localement et 50% exporté.
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« Les producteurs doivent être efficaces en s’organisant en coopératives et en fédérations pour assurer la traçabilité de leurs productions. Les pouvoirs publics doivent renforcer les capacités des coopératives et réguler leur mode de fonctionnement. Enfin, les pouvoirs publics doivent faciliter les démarches administratives afin de permettre aux initiatives privées spécialisées dans la transformation locale du café d’exercer légalement ». Autant de conseils qui, selon Dr Dénis Seudieu, aideront à redynamiser la filière café en Côte d’Ivoire.