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CAN 2023-2024 : la gestion des fins de matchs, un véritable chantier pour Gasset et les Éléphants

Mis à jour le 23 octobre 2023
Publié le 23/10/2023 à 11:53 ,

Pour renouer avec la dynamique de victoires, les Éléphants doivent, entre autres choses, travailler à tenir jusqu’au bout un résultat. Une faiblesse que la sélection ivoirienne traîne depuis de longues années, de génération en génération.

On joue la 80e mn du match amical Côte d’Ivoire-Maroc, samedi 14 octobre 2023, au stade Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. Les Éléphants mènent au score 1-0 depuis la 47e mn, grâce à un but de Sébastien Haller et s’acheminent vers une courte mais précieuse victoire.

Sur l’une des dernières offensives des Lions de l’Atlas, le défenseur ivoirien Sylla Abakar, entré en jeu quelques minutes plus tôt, à la place du latéral gauche Ghislain Konan, hésite à renvoyer le ballon et offre l’opportunité à l’avant-centre marocain Ayoub El Kaabi d’égaliser contre le cours du jeu.

Le scénario de ce match nul au goût de défaite rappelle le souvenir de tant d’autres nuls similaires ou défaites concédées par les Éléphants, dans les ultimes minutes des matchs. Un scénario auquel l’équipe nationale a suffisamment habitué les supporteurs ivoiriens.

Algérie-Côte d’Ivoire (2-1) en quarts de finale du CHAN 2023, France-Côte d’Ivoire (2-1) en amical le 25 mars 2022 à Montpellier, Espagne-Côte d’Ivoire (5-2) en quarts de finale des Jeux Olympiques 2021 à Tokyo, Grèce-Côte d’Ivoire (2-1) au premier tour du mondial 2014 au Brésil, Côte d’Ivoire-Nigéria (1-2) en quarts de finale de la CAN 2013, Côte d’Ivoire-Algérie (2-3) en quarts de finale de la CAN 2008 au Ghana, Côte d’Ivoire-Cameroun (2-3) le 4 septembre 2005 à Abidjan en éliminatoires du mondial 2006, Italie-Côte d’Ivoire (1-1) en amical le 16 novembre 2005.

Les exemples historiques sont légion et la liste n’est pas exhaustive. Ils posent avec force la problématique de la gestion des fins de matchs. Mais pourquoi les Éléphants éprouvent-ils régulièrement autant de mal à tenir jusqu’au bout un résultat ? Pourquoi ont-ils cette fâcheuse habitude de perdre sur le fil certains matchs décisifs ?

Francis Kouassi, l’entraîneur adjoint d’Issia Wazy (Ligue 2 en Côte d’Ivoire), évoque le « manque de concentration et de fighting spirit ».

« Il y a également des choix de remplacement dans les fins de matchs qui sont aussi l’une des raisons », ajoute-t-il.

Pour y remédier, il conseille les joueurs et les entraîneurs des sélections ivoiriennes à « travailler la gestion de (leurs) émotions ».

Pour Dembélé Denis, désigné trois saisons d’affilée (2013, 2014, 2015) meilleur arbitre ivoirien, la Direction technique nationale (DTN) devrait pouvoir travailler à gommer cette lacune.

« Un match de football, on l’aborde avec un fighting spirit. On peut se dire par exemple les quinze premières minutes, on ne doit pas encaisser de but et les quinze dernières minutes, on doit rester vigilant. Nos sélections doivent avoir cette culture footballistique ou cette identité », analyse-t-il pour 7info qui l’a joint.

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En clair, le talent n’est pas en cause, car il en faut déjà pour tenir la dragée haute à des équipes, comme la France, l’Italie ou l’Espagne. En outre, la Côte d’Ivoire a de tout temps été un vivier de joueurs talentueux.

Dans le football de haut niveau, les défaites et les victoires se construisent sur des détails. Le moindre relâchement ou déconcentration se paie cash. Malheureusement, les Éléphants sont coutumiers de sauts de concentration, que ce soit en amical ou en match officiel.

« La gestion d’un match, c’est d’abord le mental. Et le sélectionneur a une grande responsabilité. Car c’est à lui de donner des consignes fermes aux joueurs sur les fins de matchs. La Côte d’Ivoire a tendance à se mettre inutilement la pression quand elle mène au score », analyse Serge Adou, un journaliste à la rédaction sportive de Radio ATM de Port-Bouêt.

Le sélectionneur doit mettre un point d’honneur à travailler sur cet aspect psychologique. Et au besoin s’inspirer de temps à autre du célèbre catenaccio italien.

S’il est vrai qu’avec la fatigue liée à l’intensité de certains matchs, les athlètes perdent en lucidité, ces exemples devraient être des repères pour redoubler de vigilance et de concentration sur les fins de matchs. Redevenir cette machine qui a épouvanté l’Afrique passe aussi par là.

Serge Alain Koffi

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