Un comité d’accueil constitué de moustiques attend les touristes en destination de Grand-Bassam, cité balnéaire située à une quarantaine de kilomètres d’Abidjan. Même les grands hôtels de la ville ne sont pas épargnés.
C’est l’une des destinations les plus prisées par les touristes. Pour sa proximité avec l’aéroport d’Abidjan et ses belles plages qui s’étendent à perte de vue, Grand-Bassam, autrefois capitale de la Côte d’Ivoire, tient son rang de ville historique. Ce, malgré l’attaque terroriste perpétrée contre cette station balnéaire en 2016. La cité continue d’attirer du monde. On rêve de sable fin, de mer et de beaux complexes hôteliers en allant à Grand-Bassam mais attention, de méchantes bestioles pourraient vous gâcher le séjour.
Dans la station balnéaire le dimanche 22 mai pour prendre part à un séminaire de formation, nous avons bénéficié des services gratuits d’un comité d’accueil un peu particulier, des moustiques. A Grand-Bassam, ville où mer et lagune s’embrassent à l’embouchure, les habitants savent qu’il faut avoir la peau dure pour résister aux piqûres de moustiques.
« J’ai installé des barrières anti-moustiques aux portes et fenêtres de ma maison. En saison sèche, le phénomène diminue mais en saison pluvieuse, tout se gâte. Impossible de dormir dehors ou même de discuter entre amis. Les moustiques sont toujours à nos pieds », confie à notre arrivée Madeleine Kouadio. Elle vit à Grand-Bassam depuis 5 ans.
Selon plusieurs témoins, ce phénomène de maringouins existe à Bassam depuis des années. Les caniveaux insalubres, les flaques d’eau et marécages sont à l’origine de cette situation. Les campagnes de démoustication initiées par la mairie et le ministère de la Santé de l’Hygiène publique et de la couverture maladie universelle n’ont pas réussi à régler la situation. Pire, à chaque saison des pluies les moustiques envahissent la ville. Même les grands hôtels ne sont pas épargnés.
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Réceptionniste, il y a des moustiques dans ma chambre !
Il est 2h30 du matin lorsque, malgré l’air conditionné, nous sommes réveillés par des bourdonnements dans la chambre. Incroyable ! Cet hôtel, l’un des plus fréquentés de Grand-Bassam n’est pas à l’abri des moustiques. Malgré la couverture jusqu’au cou, ces bestioles comptent bien marquer leur territoire. Il a fallu donc passer un coup de fil rapide à la réception pour trouver une solution au problème tant les boursouflures infligées par ces culicidés continuaient d’irriter la peau.
« Désolé Monsieur, toutes nos excuses. Nous aurions dû pulvériser la chambre avec de l’insecticide avant de vous laisser monter. Veuillez donc attendre dans le hall le temps de le faire et vous pourrez ensuite retrouver un sommeil paisible », s’excuse le réceptionniste avant d’avouer qu’il est lui-même une victime de ces insectes.
« J’étais moi-même habitant de la ville. J’ai dû déménager ailleurs parce que mes enfants tombaient régulièrement malades à cause des piqûres de moustiques. Une sœur qui avait aussi aménagé à Mokeyville n’a pu tenir qu’un seul mois. Elle a été délogée par ces bestioles plus nombreuses en période pluvieuse », révèle l’homme qui s’empresse de vaporiser l’insecticide dans la chambre.
Au moins 30 minutes d’attente avant de remonter dans la chambre débarrassée pour le moment des moustiques. Le début du séminaire, c’est pour ce jour à 7h30, donc moins de 4h de sommeil. De quoi se réveiller avec les yeux bouffis comme si on s’était bagarré toute la nuit avec un génie.
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Les moustiques, une affaire de santé publique
En Côte d’Ivoire des millions de moustiquaires imprégnées sont distribuées dans les ménages pour lutter contre les moustiques, responsables du paludisme. Les habitants de Grand-Bassam en bénéficient chaque année mais le mal persiste. Et selon les médecins en cette période pluvieuse, le risque de maladie est très élevé.
« Si vous remarquez bien, cela fait deux fois que la Côte d’Ivoire réussit à éradiquer la Dengue. Mais attention, le moustique tigre, responsable de la maladie pourrait réapparaître en cette période parce que le moustique dépose ses larves dans l’eau insalubre qui provient des caniveaux, bouches d’égout ou réceptacle d’eau de pluie. Voilà pourquoi il est fortement recommandé de tenir son cadre de vie sain », a réagi à 7info Dr Godji, un médecin généraliste à l’hôpital général de Marcory avant de donner quelques conseils.
« Outre l’assainissement même de nos villes, il est important pour chacun d’éviter au maximum les piqûres de moustiques. On peut utiliser des crèmes ou des lotions anti-moustiques vendues en pharmacie. En cas d’irritation de la peau après une piqûre, il y a aussi des gels qu’on peut utiliser pour apaiser les démangeaisons. Je ne conseille pas les insecticides car leur composition chimique peut créer d’autres problèmes d’ordre respiratoire », révèle le médecin.
Pour sa part, la mairie de Grand-Bassam assure avoir mené plusieurs campagnes de démoustication pour éradiquer le phénomène des moustiques sans succès. Les experts environnementaux sont interpellés.