International

CEDEAO-AES, deux caïmans pour un seul marigot

Mis à jour le 8 juillet 2024
Publié le 08/07/2024 à 4:30 , , ,

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont mis en application leur décision de quitter la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au profit de la Confédération des États du Sahel (AES). Le samedi 6 juillet 2024, les dirigeants de ces trois pays sahéliens se sont retrouvés à Niamey pour acter la naissance de leur organisation.

 

 

Le dimanche 7 juillet 2024, les chefs de l’État et de gouvernements de la CEDEAO se sont  donné rendez-vous au 65e sommet ordinaire à Abuja, au Nigeria. Objectif de la rencontre : dégager la ligne de conduite à tenir face à la nouvelle organisation. A l’issue de la rencontre, le président de la commission, Omar Alieu Touray a prévenu que les trois pays risquent “l’isolement diplomatique et politique“. Et que leurs ressortissants pourraient également avoir à présenter des visas pour voyager dans la sous-région.

 

Comment évolueront les relations entre les deux organisations ?

Pour Dr Yves Martial N’Guessan, un diplômé en philosophie politique, la rupture avec les autres pays de la sous-région pourrait créer une escalade de tensions.

« Ce qui se passe dans notre sous-région, c’est le retour de la guerre froide comme dans les années 1960-1990. Et le camouflet infligé aux troupes étrangères (occidentales) dans ces trois pays, marque la volonté d’un changement d’alliance. Bamako, Ouagadougou et Niamey sont désormais les alliés de Moscou au détriment de la France, ex-puissance coloniale. Comme l’atteste la présence de paramilitaires russes. Ces mercenaires continuent de se battre aux côtés des armées maliennes, burkinabés et nigériennes dans leur lutte contre le terrorisme“, analyse-t-il.

« La plupart des autres pays de la communauté sont proches des Occidentaux. Et le risque que notre région devienne un terrain d’affrontements par procuration entre l’Est et l’Ouest est réel. Comme le dit le proverbe africain, Il n’y a pas de place pour deux caïmans mâles dans le même marigot. Les deux blocs ne pourront pas coexister dans l’espace ouest-africain », craint-il.

LIRE AUSSI : Afrique de l’Ouest : La CEDEAO “préoccupée par la création d’une confédération et le spectre des guerres par procuration”

Les présidents togolais et sénégalais désignés facilitateurs

Du côté de la CEDEAO, on maintient toutefois la poursuite du dialogue.

« La Conférence se félicite de l’offre de S.E. le général Umaro Sissoco Embaló, président de la République de Guinée-Bissau, de soutenir les discussions, en particulier avec le Burkina Faso », indique le communiqué final du 65e sommet. Les chefs d’État togolais, Faure Gnassingbé et sénégalais Bassirou Diomaye Faye ont été désignés facilitateurs.

« Pour moi, les pays de l’AES sont sur le chemin du non-retour. Nous savons tous que leur retrait de la CEDEAO a été alimenté par l’attitude paternaliste de l’Élysée. Pour Bamako, Ouagadougou et Niamey, les prises de positions de la France laissaient croire qu’elle manipule l’organisation. Les dirigeants de l’AES par dépit se sont donc tournés vers Moscou. Un retour dans la CEDEAO n’est pas envisageable tant que le pouvoir dans ces pays sera aux mains de militaires pro-russes », explique Léon Séka, doctorant en science politique à l’université Félix Houphouët-Boigny de Cocody.

Lors du premier sommet de la Confédération de l’AES, le chef de l’État nigérien, le général Abdourahamane Tiani avait déclaré que les peuples de leurs pays respectifs avaient “irrévocablement tourné le dos à la CEDEAO“.

7info.ci_logo

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter 7info

L’INFO, VU DE CÔTE D’IVOIRE