Le Mali, Burkina Faso et le Niger, pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont accusé, le dimanche 22 décembre 2024, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de manœuvres de “déstabilisation“ de leur organisation.
Après la rupture, est-ce la méfiance ? Alors que la CEDEAO leur a accordé une période de transition avant le retrait définitif, allant jusqu’au 29 juillet 2025, les pays de l’AES accusent certains de leurs voisins de la sous-région de manœuvrer pour leur déstabilisation.
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger justifient cette accusation par la décision de l’organisation sous-régionale de leur accorder un délai de rétractation de six mois.
A l’issue du 66e sommet ordinaire de la CEDEAO tenu le 15 décembre 2024 à Abuja au Nigeria, les dirigeants ouest africains ont décidé d’un délai de six mois pour régler les modalités du départ de ces trois pays.
Geste diplomatique de l’organisation sous-régionale perçu comme une manœuvre orchestrée par des forces extérieures dont le but est de déstabiliser l’AES.
“En réitérant le caractère irréversible et immédiat du retrait des pays de l’AES de la CEDEAO, dans sa déclaration du 14 décembre 2024, le Collège des chefs de l’État de l’AES considère, à juste titre, la décision de proroger pour 6 mois le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO comme étant une énième tentative qui permettrait à la junte française et à ses supplétifs de poursuivre la planification et la conduite des actions de déstabilisation contre l’AES“, indique le communiqué signé par le chef de l’État malien Assimi Goïta, président de la Confédération des États du Sahel (AES).
Signe d’un divorce consommé
Selon Léon Séka, un doctorant en science politique à l’université Félix-Houphouët-Boigny de Cocody, la tension entre ces deux organisations est due au retour de la guerre froide au Sahel.
“La zone ouest-africaine a désormais deux organisations. La CEDEAO est proche de l’Occident et l’AES est proche du Kremlin.
Cette zone s’est transformée progressivement en théâtre de la nouvelle guerre froide, ce, dans un contexte de recul de l’empreinte occidentale.
La Russie a profité de cette situation pour s’imposer dans ces États en proie aux attaques terroristes. Et pour être précis, le divorce entre ces trois pays sahéliens et la CEDEAO est consommé“, analyse-t-il pour 7info.
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La méfiance
L’AES a dénoncé des manœuvres de déstabilisation“ orchestrées au sein même de la CEDEAO par une “poignée des chefs d’État“ agissant pour des “agendas étrangers“.
Face à ces menaces, les forces de défense et de sécurité de l’AES ont été mises en alerte maximale avec la création d’un théâtre unique d’opérations militaires confédéral, en complément des théâtres nationaux existants.
Les tensions entre la CEDEAO et l’AES semblent désormais s’aggraver. Faut-il craindre une escalade sous-régionale ?
Depuis sa création en septembre 2023, les relations entre l’AES et la CEDEAO sont marquées par une série de tensions.
Jusqu’à présent, la communauté africaine reste peu impliquée dans le sens de la proposition d’une solution durable entre ces deux organisations.