Les listes des candidats de la majorité aux élections législatives sont sorties. Un constat s’impose, rien n’a changé.
Les message forts, au-delà des apparences, envoyés par le peuple ivoirien lors du scrutin référendaire (voir éditoriaux du …. et du….) n’ont pas été entendus par la classe politique. Tout reste immuable derrière les enceintes des palais nationaux et des partis politiques.
Si on voulait connaître les critères de sélection des 1111 cadres RDR et 450 cadres PDCI (pour 250 places), « candidats à la candidature » du RHDP pour représenter la coalition au pouvoir lors des législatives, pas besoin de grandes explications. Il suffit de regarder simplement ces listes RHDP de plus prêt : un, on prend les mêmes et on recommence; deux, chaque parti garde son fief; trois, les petits partis de la majorité récoltent les miettes et grognent.
Ceux qui se démènent sur le terrain au nom des mêmes partis et qui légitimement se voyaient candidats n’ont qu’à se soumettre. « Il y a d’autres élections à venir, municipales, sénatoriale, ils trouveront bien une place ». Mais pas ici. Pas maintenant. Plus tard. Toujours plus tard. Pour l’instant, c’est encore le tour des ministres, des sortants, des grands cadres. Mais, frustrés, ils grossiront les bataillons de candidats « indépendants » qui, à n’en point douter, feront du mal à la majorité sortante.
Côté opposition, les boycotteurs professionnels, toujours au bord de l’insurrection, du Front du refus et de la tendance « Sangaré » du FPI, vont -encore- boycotter les législatives. Ils s’excluent de la représentation du peuple mais veulent quand même le représenter. Allez comprendre! Le FPI tendance Affi, affaiblie par les querelles internes, ne présentera que 200 candidats (sur les 250 sièges potentiels) sur l’ensemble du territoire. Mais au moins sera-t-il présent aux législatives et aux scrutins suivants, municipales notamment.
On a compris. Aucune des leçons du référendum n’est pris en compte : volonté de renouvellement réduite à néant. Réduction des fractures (politiques, sociales, ethniques), oubliées. Vote éthnique et régional, renouvelé. La vie politique apaisée attendra elle aussi.
Tant de certitudes frise l’arrogance. Et l’arrogance confine à l’aveuglement. Ceux qui croient savoir à la place du peuple pourraient être gravement démentis. Les États-Unis d’Amérique viennent d’en faire la démonstration. Un peuple peut renverser la table s’il ne se sent plus entendu. Il faut en appeler au réveil collectif d’une classe politique sourde aux appels de son peuple et qui vit sur des vieux schémas.
Philippe DI NACERA
Directeur de publication