Abidjan a pour la seconde fois accueilli la conférence internationale sur l’émergence de l’Afrique (CIEA) qui s’est déroulée du 28 au 30 mars. Deux ans auparavant, la toute première édition du CIEA s’est tenue avec plusieurs recommandations à la fin des travaux. Ont-elles été mises en exécution avant cette deuxième édition ?
Les résolutions de l’Edition du CIEA 2015 se résument en 4 points essentiels : 1-réaliser une croissance économique forte et soutenable, durable, diversifiée, à forte valeur ajoutée centrée sur les êtres humains et faisant une bonne utilisation de la technologie et de l’innovation. 2- promouvoir des modes de production et de consommation en cohérence avec les impératifs de la transition vers l’économie verte et visant à renforcer les capacités de résilience du système productif, les infrastructures structurantes y compris énergétiques.
3- Accélérer l’intégration régionale à travers la création de blocs régionaux pouvant conduire à terme à l’amélioration du commerce intra régional et à un accès efficace aux marchés mondiaux. 4-renforcer la mobilisation des ressources intérieures à travers un élargissement des espaces budgétaires des pays, notamment avec la mise en place de systèmes fiscaux incitatifs, une exploitation optimale du potentiel fiscal et une lutte résolue contre les mouvements illicites des capitaux.
Ces résolutions ont-elles été mise en œuvre, depuis 2015 ?
Selon Sako Maxime, doctorant en économie, des efforts ont été faits. Il évoque les recommandations 2 et 3 qui font référence notamment au renforcement de la capacité de résilience et l’intégration sous-régionale. Il mentionne d’abord le point 2 pour lequel il constate une évolution à travers des actions comme la rencontre à Abidjan de cinquante-quatre pays la semaine dernière qui a consisté à plancher sur les méthodes de préservation de la couche d’ozone, dans le cadre de la 20 ème réunion conjointe des réseaux des coordonnateurs en charge du programme ozone en Afrique. Il note également la valorisation simplifiée des déchets.
« On note ici une volonté politique affichée de réussir la transition vers l’économie verte » précise le chercheur.
Concernant le point 3 qui fait référence à l’intégration sous régionale, le doctorant affirme que « La Côte d’Ivoire a déjà envoyé un signe fort avec la création d’un ministère de l’intégration africaine. Ainsi cette intégration est vue par Abidjan comme une opportunité à haute valeur économique. »
Quant à F T, consultant qui a voulu garder l’anonymat, il affirme que l’effort de la Côte d’Ivoire vers l’émergence est effectivement soutenu par la technologie et l’innovation. Ce qui a permis au pays de gagner « 20 places au dernier classement de l’Indice mondial de l’innovation publié par l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle. » Cependant, concernant le volet renforcement de la mobilisation des ressources intérieures, l’économiste explique que « La pression fiscale énorme exercée sur les entreprises Ivoiriennes fait grand débat dans le monde des affaires. » Ce qui a été dénoncé par le patronat ivoirien. Concernant la lutte contre les mouvements illicites des capitaux, la CI a envoyé un signal fort, se mettant aux normes de l’instance internationale le Groupe d’action financière (GAFI) a-t-il précisé.
Dr Séraphin Prao Yao, enseignant-chercheur d’Economie à l’université Alassane Ouattara de Bouaké explique que Les gouvernants africains ont annoncé depuis quelques années, une volonté ferme à aller à l’émergence : « Mais entre la volonté et la réalité, il y a parfois un grand décalage » indique-t-il tout en précisant « qu’en économie, le miracle n’a pas sa place car seules les bonnes réformes engendrent de bons résultats ». Et de préciser que « La seule volonté ne suffit pas, il faut mettre en place de bonnes politiques économiques et les moyens de les mettre en œuvre. Ce sont là, les défis que les pays africains doivent relever. »
La CIEA s’inscrit comme une plateforme de rencontres, d’échanges, de partage des expériences entre les pays africains qui ambitionnent aller à l’émergence. Elle a lieu tous les 2 ans et s’établit désormais comme une institution tournante. La prochaine édition prévue pour 2019 aura lieu à Dakar. D’ici-là, est-ce que les résolutions de 2017 seront mise en œuvre ?
Raïssa Yao
Source: Rédaction Politikafrique.info