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Conflits interethniques ivoiriens, un universitaire et un défenseur des droits de l’homme proposent des solutions

Mis à jour le 26 novembre 2018
Publié le 22/11/2018 à 5:15

Sa récurrence le rend banal. Le conflit interethnique en Côte d’Ivoire, n’est pas à son premier lot de désolation. Zouan Hounien, une localité de l’ouest de la Côte d’Ivoire, est depuis samedi dernier, en proie à des violences entre autochtones et allogènes. Une situation qui pose avec acuité la problématique de la prévention durable de ce phénomène, qui endeuille chaque année des centaines de famille.

Depuis quelques heures, les images insoutenables des affrontements en cours à Zouan Hounien, dans la région du Tonkpi, pullulent la toile. On peut y voir les blessés à l’arme blanche, pris dans la spirale de violence qui oppose les ressortissants de la même localité. Les rixes ont viré au conflit communautaire. Pourtant à l’origine, une banale affaire qui aurait pu trouver une issue heureuse. Hélas ! Certaines villes de Côte d’Ivoire, notamment celles de l’Ouest, semblables à des poudrières, ne tardent pas à s’embraser à la moindre étincelle. Quelles en sont les raisons, et quelles solutions pour prévenir l’escalade ? Selon le géo politologue Adou François, enseignant-chercheur à l’Université Péléforo Gon de Korhogo, ces conflits ont toujours en toile de fond, le foncier rural.

« Au centre de ses conflits inter-communautaires, il y’a une vraie source qui est le foncier rural. A l’origine, il y’a ce qu’on appelle ici en Côte d’Ivoire les autochtones qui sont les propriétaires de terres, les originaires. Pour que les personnes étrangères puissent s’installer, elles doivent respecter un certain nombre de règles et de discipline. Souvent ces personnes bien même qu’elles ne s’installent pas par la force ne respectent pas les règles établies, ces situations créent souvent des conflits entre les deux populations » analyse l’universitaire avant de faire de proposer quelques solutions.

« Pour régler ces conflits inter-communautaires, il faut faire respecter les droits coutumiers, il faut des échanges entre les populations autochtones et les allogènes pour le règlement à l’amiable des petits conflits sous l’arbre à palabres. Aussi il faut que les autochtones respectent la discipline qu’elles se sont données. Et je pense que si les responsables coutumiers avaient vite réagi, nous n’en serions pas là, en ce qui concerne Zouan Hounien » indique le spécialiste.

Guiglo, Mont Péko, Goin-Débé, ou encore tout récemment Gbonné. Toutes ces localités de l’Ouest de la Côte d’Ivoire ont connu leur lot de drames et de déplacés. Les autorités et cadres de la région sont chaque fois intervenus pour ramener le calme. Mais pas pour longtemps. Une quiétude précaire au vu des événements en cours à Zouan Hounien. Si pour l’heure aucun bilan officiel n’a été établi, il n’en demeure pas moins que la situation reste tendue et plusieurs dégâts matériels dont l’incendie de la maison du maire, ont été signalés.

La situation interpelle certes les autorités ivoiriennes, mais aussi les organisations de la société civile. Il s’agit de trouver des solutions idoines pour prévenir ces conflits.

Selon Dénis Yauraubat, défenseur des Droits de l’Homme, président du Groupe de plaidoyer et d’action pour la transparence électorale (GPATE),la solution se trouve au niveau des politiques.

« Ce qu’il faut noter d’abord, c’est que ces conflits auxquels nous assistons maintenant dans notre pays, proviennent de la grande fracture sociale depuis 2010 et de l’échec de la réconciliation nationale après la crise post-électorale. Pour pallier ce problème, je pense qu’il y’a du travail à faire. Les politiciens devraient jouer les rassembleurs d’une façon sincère».

Quand cette situation arrive généralement on fait appel aux politiciens de la région et lorsqu’ils viennent, ils ne résolvent rien en réalité. Le plus important ce n’est pas les paroles mais des actes. Quand un leader vient pour régler un conflit, il faut qu’on ait autour de lui un groupe de personnes cosmopolites et non seulement les gens d’un clan. Il faut autour de lui un rassemblement afin que tout le monde se retrouve. Je crois même qu’il y’a du travail à faire au niveau de la démocratie dans notre pays » assure-t-il.

Les yeux sont toujours rivés vers Zouan Hounien, tous espèrent un règlement rapide du conflit pour un retour au calme.

Éric Coulibaly

Poleafrique.info

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