Le premier forum économique d’affaires ivoiro-burkinabè s’est tenu ce jeudi 26 juillet à Yamoussoukro, peu avant le conseil des ministres conjoint des gouvernements ivoirien et burkinabè, à la fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Des révélations ont été faites sur la perte du leadership ivoirien dans les relations économiques entre les deux pays. Et pour cause.
Il y a de l’eau dans le gaz des relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso selon des opérateurs économiques, chefs d’entreprise qui s’exprimaient devant les responsables des deux chambres de commerce et d’industrie des deux pays. « Au bureau 9 des douanes ivoiriennes, au port d’Abidjan, des douaniers nous disent que si ça (la lenteur et les taxes) ne vous arrange pas, vous pouvez aller dans d’autres ports. Nous avons commencé à expérimenter les autres ports, raison de la perte de la première place dans le transit du fret vers le Burkina par la Côte d’Ivoire » a révélé Edgar Ayi, un chef d’entreprise burkinabè.
Pour le patron d’une entreprise d’exportation de poissons congelés, activité suspendue depuis 1993 entre les deux pays et reprise en 2009, la taxe de contrôle vétérinaire a fait fuir un de ses clients vers le Ghana. « Il veut bien revenir à Abidjan mais cette taxe de 1000 F/ tonne fait de moi le plus grand perdant. On parle de corridor mais sur le terrain, il y a des problèmes » dénonce Kanté, le patron de cette entreprise. Harouna Ganamé lui, estime que la taxe-porteur est « trop élevée » par rapport aux autres pays. Il dénonce lui aussi les trois semaines de délivrance des documents de transit. « C’est 24h dans les autres pays » fait-il savoir.
« Le manque d’aire de stationnement au port d’Abidjan pour les camions burkinabè, l’insuffisance de magasins de stockage et la caution de garantie de 700.000 FCFA à 1 million FCFA est trop élevée » ont été mis à l’index. Le conseil burkinabè des chargeurs (CBC) a lui mis le doigt sur « les tracasseries routières » (racket), la dégradation de certaines portions de voie sur l’axe Abidjan-Ferké ».
Les chefs d’entreprises ivoiriennes ne sont pas restés en marge de cette levée de boucliers contre les lourdeurs administratives et politiques qui entravent les échanges commerciaux entre les deux voisins. A preuve, au-delà des discours des politiques, « aucune entreprise de Côte d’Ivoire ou du Burkina n’a participé directement en Côte d’Ivoire, à la passation des marchés d’une valeur de 350 milliards FCFA de contrat, cela doit interpeller les autorités politiques » a indiqué Philippe Eponon de la CGECI.
Il salue tout de même le cadre du Traité d’amitié et de coopération qui « est un cadre d’expression de nos activités » avant de noter qu’il y a « beaucoup plus d’entreprises burkinabè en Côte d’Ivoire que le contraire. » Il a préconisé des « groupements d’entreprises ivoiro-burkinabè en GIE » pour faire face à des entreprises autres que celles venant des deux pays sur des marchés publics. « Ce sont des GIE que nous appelons de tous nos vœux » a-t-il fait savoir.
Bintou Diallo, de l’agence burkinabè des investissements, l’a alors rassuré que le Burkina Faso offre « un environnement sain, propice et un cadre juridique et réglementaire attractif.» « Nous veillons sur l’environnement d’investissement et avons dix bonnes raisons pour investir au Burkina » a-t-elle assuré. Entre la saine démocratie au pays des hommes intègres et les conditions favorables énoncées, le Burkina Faso se présente comme une porte d’entrée pour capter 73 millions de population dans les pays voisins.
Des avancées notables sont toutefois relevées en matière routière et autoroutière, la réhabilitation du réseau ferroviaire, du renforcement des capacités énergétiques et minières du Burkina Faso, de la défense et de sécurité, de coopération administrative et transfrontalière, d’éducation, de santé. La coopération en matière de solidarité, des affaires sociales, de la femme, de l’enfant et du genre devrait favoriser « le retour volontaire ou l’insertion professionnelle des personnes évacuées » du Mont Péko, « dans le cadre d’un projet pilote de retour financé par l’Organisation internationale pour les Migrations et de renforcer les services sociaux de base dans les zones concernées. »
En matière énergétique, la puissance électrique à fournir au Burkina Faso passera bientôt à 90 MW.
Adam’s Régis SOUAGA
Source : rédaction PôleAfrique.info