La Conférence sur le réchauffement climatique qui a lieu à Bonn depuis le lundi 6 novembre, connaîtra son apothéose aujourd’hui ce vendredi 17 novembre. Cette conférence qui se tient loin de la lagune Ebrié ne cesse pourtant pas d’alimenter les conversations à Abidjan, notamment sur l’effectif de la délégation ivoirienne à cette rencontre planétaire cruciale sur l’environnement. Pôleafrique.info a cherché à en savoir davantage sur les spéculations qui vont bon train.

Sur les réseaux sociaux, chacun y va de son inspiration concernant l’effectif de la délégation ivoirienne en Allemagne. Pour Arthur Vadi qui a fait une publication dans le groupe « Observatoire Démocratique en Côte d’Ivoire (ODCI) », la délégation partie d’Abidjan pour ce sommet, serait composée de « 492 personnes ». Toute chose qui a excité la toile. Les ivoiriens se trouvent choquer par ce nombre, considérant que les frais de mission de ces envoyés représentent une grande manne financière qui pourrait être mise au service des plus démunis, dans des hôpitaux ou dans des projets sociaux. Plusieurs internautes sont choqués face à cette situation qu’ils considèrent de laisser-aller.

Le témoignage d’une étudiante ivoirienne qui sert de guide aux francophones à la Cop 23, donne plus de détails sur le comportement de la délégation ivoirienne lors de cette rencontre. « J’ai été contactée par beaucoup de participants de notre sous-région. Mais c’était pour des questions en rapport avec la restauration, s’orienter les premiers jours etc. Mais nos frères là, ils ne voulaient que des renseignements pour aller faire le farot ! Ils demandaient où se vendent les bonnes voitures allemandes, où on fait les achats. Il y en a un qui est allé acheter des chemises et costumes chez Hanson hier pour plus de 2000 euros! Tu te rends compte ! Ils font des dépenses tellement colossales !  Il y a un qui voulait prendre le taxi de Bonn à Cologne Airport, j’ai dit non. Il y a un train rapide qui y va directement, le ticket c’est moins cher et vous allez économiser. Il dit non. Il y en a beaucoup d’autres pour qui j’ai réservé des chambres luxueuses pour des femmes venues d’un peu partout de l’Europe, les chambres ont coûté cher. Mais nos gars ont le blé ! Ils font la vie de Lougah. Ça fait honte. C’est fou comment les gens gaspillent l’argent ici. Ils exagèrent ici et cela fait vraiment honte. Ceux qui sont venus dans la délégation officielle ont reçu de trop grosses sommes pour le séjour c’est trop!», dénonce-t-elle sous anonymat.

Cependant, d’autres internautes contredisent le chiffre de 492. Chris-Ben Beaulieu Baaby un internaute, est de ces derniers. « Selon des réactions de participants de la Côte d’Ivoire à la Cop 23 à Bonn, suite aux révélations des médias sur le nombre de membres faisant partie de la délégation ivoirienne présentée comme la délégation la plus importante, les participants ivoiriens ne sont pas du tout au nombre de 492. Ils seraient plutôt au nombre de 160 personnes, selon les premières réactions du député Sangaré Yacouba contacté par le confrère allemand de la Deutche Welle (DW). Aux dernières nouvelles, le nombre exact est de 178 personnes. Mais d’où vient alors le chiffre de 492 qui fait le buzz ? », écrit-il sur son compte Facebook. Il poursuit en ces termes : « Des participants ivoiriens contactés expliquent que la liste présentée comme celle de la délégation ivoirienne, est plutôt une liste qui recense les demandes d’accréditation, effectuées auprès des services de l’ONU chargés de recenser les demandes d’accréditation, et d’établir celles-ci. Ces accréditations sont nécessaires non seulement pour accéder aux travaux, mais surtout pour obtenir les visas Schengen, pour ceux qui n’en disposent pas. Selon les informations recueillies, sur les 492 personnes inscrites, tout le monde n’a pas obtenu le visa. Par exemple, sur un groupe de 80 personnes issues de la société civile, seulement 15 ont obtenu le visa pour l’Allemagne, un visa délivré selon des critères sélectifs, le fait d’être accrédité pour la Cop 23, ne dispensant pas de subir d’autres vérifications », explique l’internaute.

Chris-Ben Beaulieu Baaby précise en outre dans sa publication que l’Etat ne prend pas en charge tous les participants. « Les 178 personnes venues de la Côte d’Ivoire qui seraient effectivement présentes au sommet, ne sont pas toutes prises en charge par l’État ivoirien. À en croire nos interlocuteurs, le problème que pose cette présence pléthorique n’est pas forcément la pression sur les ressources publiques, mais plutôt une tentation d’immigration clandestine, en Europe, pour certains. Seules les personnes disposant d’un ordre de mission d’une administration étatique pour l’obtention d’un visa, et d’une prise en charge de l’administration, peuvent être considérées comme faisant partie de la délégation officielle de la Côte d’Ivoire. Sur les 178 personnes, 37 seraient issues du secteur privé, et du monde des ONG. Une source a indiqué que la communication en Conseil des ministres portait sur une prise en charge effective de 41 personnes, par l’État de Côte d’Ivoire. Finalement ce sont 26 personnes qui seraient présentes à Bonn, au titre d’une prise en charge effective par le gouvernement ivoirien. Ces personnes ont émargé, pour justifier les frais de mission. Parmi les 15 personnes absentes qui ne devraient pas percevoir les frais de mission, ou qui devraient les rembourser s’ils ont déjà été perçus, il y aurait le représentant de l’Onpc, les 7 personnes devant représenter le ministère de la Construction, et six autres personnes devant provenir du ministère de l’Agriculture », dit-il.

Seulement 178 personnes en réalité

L’information sur ce dernier chiffre donné par l’internaute est confirmée au ministère de la Salubrité, de l’Environnement et du Développement Durable. Dans un document support d’un point presse de la ministre Anne Désirée Ouloto, ce ministère donne le nombre exact d’ivoiriens en Allemagne pour la COP23. 178 nationaux effectuent le déplacement de Bonn comme le mentionne le document encore consultable sur « environnement.gouv.ci », le site du ministère. Cette délégation ivoirienne lit-on, est constituée de représentants d’Institution de la République (23),  de ministères (69), en l’occurrence celui de l’environnement et du Développement Durable, de collectivités territoriales (44), du secteur privé (19), de médias (05), et ONG (18). Soit un total de 178 personnes dont 23 prises en charge par l’Etat pour un montant total de fonds alloué pour la mission de 55 153 800 FCFA.

La Cop 23 qui prend fin aujourd’hui, enregistre une décision importe sur l’utilisation du charbon. En effet, une vingtaine de pays, à l’initiative de deux partenaires historiques des États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, ont annoncé jeudi matin, à Bonn (Allemagne), lors de la COP23, la création d’une nouvelle alliance qui vise à fermer les centrales au charbon au plus tard en 2030. Cette initiative, baptisée «Powering Past Coal Alliance», autrement dit «l’Alliance pour faire du charbon une énergie du passé», a été rejointe notamment par la France, le Costa Rica, les îles Fidji, le Danemark, les Pays-Bas, la Finlande, l’Italie et la Nouvelle Zélande. La France envisage de fermer ses centrales au charbon, au plus tard en 2021, soit deux ans plus tôt que ce qui était prévu.

JEAN MALICK TOURE (stagiaire)
SOURCE : rédaction Poleafrique.info