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Corruption- Le président du patronat malien dévoile le nom du fonctionnaire le plus corrompu du pays, les ivoiriens observent 

Mis à jour le 18 mars 2019
Publié le 18/03/2019 à 4:09

C’est dans une vidéo qui fait actuellement le tour de la toile, que Mamadou Sinsy, le président du patronat malien, a désigné le président de la Cour Suprême, comme étant le fonctionnaire le plus corrompu du pays. Il entend révéler les noms de 1600 autres fonctionnaires véreux. En Côte d’Ivoire, la lutte contre la corruption fait partie des « priorités » gouvernementales. On en parle sans véritable changement.

Le scandale des déchets toxiques, les primes impayées des footballeurs de l’équipe nationale, les véhicules non dédouanés, une affaire 28 milliards FCFA qui auraient disparu dans la filière café-cacao, ou encore le blanchiment d’argent… la liste est longue. En Côte d’Ivoire, les scandales de corruption sont légions. La presse s’en délecte volontiers faisant parfois des révélations troublantes, sans jamais réussir à emmener les autorités à situer les responsabilités. Aucune inculpation, aucune démission, dans une société pourtant gangrénée par ce phénomène.

Au Mali, Mamadou Sinsy, président du patronat, a décidé de sortir de son silence pour faire bouger les choses. Il révèle devant plusieurs médias locaux, le nom du fonctionnaire le plus corrompu du pays, en la personne de Nouhoum Tapily, président de la Cour Suprême malienne. Une annonce qui sonne comme une bombe dans un pays pourtant miné par la pauvreté. Selon le juriste écrivain et politologue, Geoffroy Kouao Julien, le cas de la Côte d’Ivoire est différent car un cadre légal existe pour combattre la corruption.

« Il y a un cadre juridique et institutionnel qui régit les actes de corruption en Côte d’Ivoire. Il y a même une haute autorité pour la bonne gouvernance qui a été mise en place. Ce qui veut dire qu’on sait à qui s’adresser lorsqu’on constate des faits de corruption imputables à une personne. Et je ne pense pas que, comme le président du patronat malien, un ivoirien puisse proférer de telles accusations s’il n’a pas de preuves. Je suppose qu’en le faisant, Mamadou Sinsy, a en sa possession des documents qui attestent ce qu’il dit. Pour ma part, il convient aux structures de lutte contre la corruption dans le pays de faire leur travail. Dans le cas contraire, ce sont elles qu’il faut dénoncer pour une meilleure gouvernance » réagit le politologue.

Mamadou Sinsy ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il promet révéler les noms de 1600 autres fonctionnaires maliens, comptant parmi les plus corrompus du pays. L’objectif du chef d’entreprise, attirer l’attention du Président Ibrahim Boubacar Keïta sur les pratiques de ses proches. Certaines voix s’élèvent déjà pour demander la démission du haut responsable cité dans ce scandale. Pour Marius Comoé, président de la plateforme des associations de consommateurs de Côte d’Ivoire, toute la société ivoirienne est corrompue, à commencer par des ministres et cela, personne n’aura le courage de le dénoncer.

« Je ne vois pas le président du patronat ivoirien Jean-Marie Ackah, se hasarder à révéler le nom d’un quelconque fonctionnaire véreux de l’Etat. Tout simplement parce qu’ils tous corrompus de la tête au pied. Personne ne voudra risquer son poste pour avoir suivi l’exemple du président du patronat malien. Sinon regardez tous les scandales qui secouent le pays. On a parlé des véhicules non dédouanés avec des noms qui ont été cités, mais ces personnes n’ont jamais été inquiétées. On sait à qui on attribue tous les marchés de l’Etat dans ce pays, mais on ne dit rien. Des ministres sont corrompus, ils se reconnaissent, sans oublier toutes les structures impliquées dans l’attribution des marchés en Côte d’Ivoire. Je le dis et je l’assume. Même des membres de la structure chargée de traquer la corruption dans notre pays sont corrompus. Qui fera la leçon à son prochain ? Nous dénonçons et c’est la seule chose que nous pouvons faire » révèle-t-il à Pôleafrique.info qui l’a contacté ce jour.

Poleafrique.info, est pour sa part, sur les traces de heureux hommes d’affaires qui constituent des sangsues de l’économie nationale, coupables de corruption, de blanchiment d’argent et de transferts de fonds. Une liste a déjà été communiquée aux autorités fiscales et douanières afin de faire la lumière sur cette sombre affaire. Mais, celles-ci gardent un silence 1 mois après notre saisine. 

Éric Coulibaly

Poleafrique.info

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