La scène politique ivoirienne est rythmée par des alliances entre partis et personnalités politiques. Dernière en date: la coalition entre le FPI de Laurent Gbagbo et le PDCI d’Henri Konan Bédié.
En Côte d’Ivoire, les alliances continuent de guider le jeu politique. Après le Front républicain du FPI et l’ex-RDR puis le RHDP qui a uni le PDCI à l’ex-RDR et plusieurs autres partis politiques, ce sont maintenant le FPI de Laurent Gbagbo et le PDCI d’Henri Konan Bédié qui se rapprochent. Une alliance se dessine entre ces deux leaders et leurs formations politiques.
« J’ai été très heureux que le frère Guikahué ait joué un rôle important dans le rapprochement de nos deux partis. Voilà son frère Assoa Adou. Ce sont les deux sorciers, ce sont eux qui discutent toujours la nuit ». Par ces propos tenus à Mama le lundi 28 juin, l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo rentré le 17 juin 2021 consolide le rapprochement FPI-PDCI. Un rapprochement qui annonce une alliance entre ces deux formations politiques de l’opposition ivoirienne. C’est une scène qui sonne comme du déjà vu, tant le pays a connu des alliances qui se font et se défont.
Le FPI et le RDR premiers à s’unir au sein du Front républicain
La première alliance date de 1995, moins de deux ans après le décès de Félix Houphouët-Boigny, le premier président de Côte d’Ivoire. Henri Konan Bédié son successeur a en main la gestion du pouvoir d’État. Mais il est vite confronté à une crise politique profonde. Une fracture au sein du PDCI, le parti dont il prend également la présidence, fait naître une formation politique, le Rassemblement des républicains (RDR) dirigé alors par feu Djéni Kobina.
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Avec le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, ce nouveau parti issu du PDCI-RDA, fait un rapprochement. Ils finiront par créer le Front républicain. Une alliance qui va par la suite conduire l’opposition politique à travers des manifestations d’envergure, dont le boycott actif à la présidentielle de 1995. Après le décès de Djéni Kobina, cette alliance va continuer ses actions avec pour leaders Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara jusqu’en 1999. C’est aussi à cette date que la Côte d’Ivoire enregistre son premier coup d’État qui voit le régime du président Bédié être évincé du pouvoir.
Le RHDP tente de rassembler les Houphouétistes
C’est la deuxième grande alliance politique en Côte d’Ivoire. Tissé en 2005 alors que le FPI de Laurent Gbagbo est au pouvoir, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) réunit principalement le PDCI-RDA, le RDR, l’UDPCI (une formation politique sortie du PDCI) et plusieurs autres micros partis. Son objectif est de rassembler les formations politiques qui ont pour référent Félix Houphouët-Boigny. Tout comme le Front républicain qui n’a pu résister entre temps à la présidentielle de 2000, les houphouétistes animent l’opposition dans un contexte marqué par une rébellion armée des ex-Forces nouvelles.
Soudé, ce bloc politique gagne les présidentielles en 2010 et son unité lui permet de traverser la première crise postélectorale en Côte d’Ivoire qui a fait officiellement plus de 3000 morts. Mais courant 2018, le projet d’unification espérée de cette plateforme en un parti politique, n’ira pas jusqu’à son terme. Des partis vont se retirer de l’alliance pour des raisons diverses. Ce sont d’abord le PDCI-RDA d’Henri Konan Bédié, puis l’UDPCI dirigée par Dr Mabri Toikeusse. Réélu à la tête du pays, le RHDP désormais parti politique et avec le président Alassane Ouattara comme leader, a désormais en face deux grandes formations qu’il connaît bien pour avoir déjà tissé des alliances avec elles individuellement.
Un rapprochement FPI-PDCI en vue aussi d’une alliance
Le FPI et le PDCI sont les deux formations qui n’avaient pas encore véritablement uni leurs forces. Les démarches vont bon train dans ce sens depuis la brouille entre Alassane Ouattara et son ex-allié Henri Konan Bédié. Et les actions posées en faveur de ce rapprochement semblent connaître un coup d’accélérateur avec le retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo. Absent du pays depuis 10 ans pour des raisons judiciaires, l’ancien chef d’État entend reprendre sa place dans le jeu politique. Mais pas en solitaire. Le FPI, parti dont il est le fondateur, envisage de tisser une alliance avec le PDCI-RDA d’Henri Konan Bédié. Même si ces deux partis ne partagent pas la même idéologie politique.
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Le RHDP devrait-il craindre cette alliance? « Le RHDP a recruté plusieurs cadres du PDCI. Mais ce recrutement par le haut, n’a pas forcément impacté les militants qui sont la base. Si des cadres ont annoncé être partis avec des militants, les dernières législatives leur ont donné tort notamment dans le V baoulé, où à quelques exceptions près ce sont des cadres du PDCI qui ont été élus. Même si le RHDP a fait des percées dans les fiefs du FPI, la donne est tout autre aujourd’hui avec le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. Cela augure de lendemains meilleurs pour les militants. Et cette alliance de deux contre un dans le Big tree, peut paraître assez préjudiciable pour le RHDP », analyse pour 7info, Dr Eddie Guipié, enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo.
Nul ne sait pour l’heure quel sera le nom de ce « mariage » FPI-PDCI, son fonctionnement et sa durée. Encore moins ce à quoi il pourrait conduire.
